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samedi 5 février 2011

Deux cigarettes et, un bout de savon.

    -Screw colours.- Yeah angel screw colours.
    Deux répliques avaient meublé cette transition à un nouveau monde, à l'acquisition d'une nouvelle perception de l'existence, et ,par conséquent, la métamorphose du goût de cette dernière. Entre lui et son ange, ce dialogue fut si bref qu'épique. Tels ces sourires sarcastiques que s'amuse le capricieux destin a nous murmurer, géant et musclé, en faisant dérailler notre locomotive si sûre, où tous nos savoirs semblent absolus bannant toutes ombres de doutes et d'anxiété. N'était-ce pas le seul chagrin auquel nous heurtons nos fronts si passionnés et si hâtés à conquérir le monde et ses meubles.
Deux phrases, deux mondes, deux personnages. Cependant, nos deux héros ne demeurèrent qu'au sein d'une seule et unique cité, une cité guérie de toutes couleurs, agréable et sans complexes. Parfumée de flegme et de neutralité. Pas humaine du tout, cette cité, puisqu'elle était à court de couleurs. Elle était noire et blanche. Son premier aspect représentait tous les teins, et son autre en représentait l'éclipse.
Il avait marchandé sa nouvelle vue avec un diable juif. Quoique les négociations fussent rudes, il réussit à obtenir deux cigarette et un bout de savon. C'était bien cela, il avait peint son monde en blanc et noir pour deux cigarettes et un bout de savon. Il avait su, tout de même, clore son affaire : rien n'avait plus de saveur ni de couleurs. Il n'avait plus qu'à se laver, afin d'empêcher ces petites bestioles de lui ronger le corps et d'y parsemer la corruption, de jouir de nouvelle vision et, de patienter jusqu'à l'avènement du prochain train : celui de la mort.
Ce fut un acte de pure lâcheté et humanité. Il avait renoncé à une grande part de son existence. Celle de la diversité. Des hommes avancèrent même que la vie consistait en la diversité de ces éléments. La sienne était aigre, de piètre qualité et unie dans un couple contradictoire : blanc et noir. Comme si on la regardait défiler dans un vieux poste de télévision, un navet du cinéma humain. Une comédie tragique de l'homme, intitulée échec et choix. Je donne à ces braves hommes un argument à détruite leurs prétentions : je faisais vivre mon ami dans le noir et blanc. Cependant, j'approuve que la vie n'est qu'une série de choix, sur une plateforme de contraintes. Autrement dit : vous êtes libres, dans une prison.
Mon ami c'était procuré un paradis. Pas seulement les appellations des couleurs ne parvenaient plus à atteindre son esprit, mais toute allure de multiplicité pouvant résider dans SON monde lui fut épargnée. Il n'y avait plus de : un peu bon, naïf, égoïste, hypocrite, semi-mauvais, d'humeur changeante.. Ni rapide, lent, un peu lent, un peu rapide.. Ni moyen, petit, plus petit, plus grand, moins grand.. NON ! Plus une seule trace de cette maudite relativité! Son monde se constituait d'extrémités, sans scrupules ni inquiétude, il pouvait désormais... Vivre. Vivre dans un monde absolut, ce train paradisiaque qui n'attendra pas la fin des temps pour subir la colère du destin. Ce destin cruel, si envieux à nous autres humain qui pouvons se réjouir d'un tout petit bout de bonheur. Ayant l'anxiété dans la peau, nous sommes conscients que nous perdrons d'une seconde à une autre ce sein qui nous allaite de lait et de satisfaction, puisée de nos mirages conçues à leur tour au cours de ces jours aigres puant l'urine et le temps.
Je ne puis désigner le temps qu'il avait vécu en euphorie, le temps est relatif... Mais un jour, vint le diable juif furieux de la mauvaise affaire qu'il avait conclu. Il raconta qu'on se moqua de lui tout au long de cette période, là bas, au royaume des diables. Ces camarades lui reprochèrent idiotie et malchance, eux mêmes avaient eu l'habitude de vendre leurs couleurs à d'autres créatures afin de perfectionner leur monde, des ânes par exemple. Mon ami refusa de reprendre ses couleurs, il préféra céder son âme que de récupérer cette vison malsaine de l'existence. Son âme lui fut retirée. Il est mort à l'instant où j'écris ces lignes. Il a un jour habité Agadir, au quartier des amicales à coté d'un boucher.
Le lendemain de sa mort, j'ai vu le destin traverser vers la boucher. Balançant son sourire sarcastique sur les lèvres. Cette fois, l'importun me fut dirigé. Je dessine de ma part un tel sourire et l'afficha sur ma tronche, ainsi il saura avec qui il a affaire ce maudit destin, avec un gosse de seize ans qui a su le dénoncer.

Zakaria Mellouli Karim.

4 commentaires:

  1. Waw

    je sais pas quoi dire d'autre à part waw



    Rajae.

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  2. Tu puises dans la narration de façon si ingénieuse et spontanée, très émue par cette touche surréaliste qui afflue inexplicablement. C'est beau, merci.

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  3. C'est toujours un plaisir de te lire, je suis heureuse de voir que c'est tout beau ici, c'est un très beau texte que tu nous fait partager. Au plaisir de te lire encore et encore.

    Wissam.

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  4. Merci chères et fidèles lect..rices, lectrices. Je m'excuse pour avoir tardé à répondre, je ne savais quoi dire, cela persiste encore d'ailleurs. Bon, sachez que je suis fou, et que mon plus succulent caprice est d'écrire, de temps à autres, un paquet de mots dont la forme est si belle et si folle. Fou, ou pas, seuls les positions comptent. J'ai la certitude que que je ne suis pas eux, je ne suis personne d'ailleurs. Bon continuez à me lire :D Je vous aime, oui. Qui aimerai-je? sinon les personnes qui m'aiment. Car je suis ce que j'écris. Bon je vais pondre quelques rimes. Merci encore, je serai encore plus reconnaissant si vous me gratifiez de remarques, critiques, idées folles (afin de s'attacher au contexte) concernant mes écrits. Cela sera très avantageux à ma si humble plume. De mieux en mieux...

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