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samedi 30 juillet 2011

Le poète et la chèvre.



L'absurde est un degré de comique très élevé et aux caractéristiques spécifiques et qui est loin d'être apprécié par tous.

    Bonsoir, je suis un poète et j'ai une chèvre.
    Ma chèvre, elle bêle peu. Cela est sans aucun doute dû au fait que je sois poète, que je parle trop, en plusieurs formes, et qu'il ait un lien entre moi et ma chèvre, qui fait que nous puisions nos idées de la même source. A chaque fois que ma chèvre a envie de dire quelque propos -plutôt en bêler-, il s'avère que ces derniers figurent parmi mes vers, qu'ils étaient sortis à l'air et avaient frôlé le monde. A cet instant-ci, l'idée ne m'appartient plus - comme avait dit Tchekov - et elle n'appartient pas à ma chèvre non plus. C'est comme si un virus de SIDA avait touché l'air, à ce moment précis, il périt. Eh bien c'est ainsi pour nos idées, moi et ma chèvre, quand ça touche l'air, le lien nous réunissant à elle n'est plus, ça commence à appartenir à quelqu'un d'autre, mais aucunement à nous deux, ou à un d'entre nous. Et comme j'écris à l'encre - j'avais vendu ma machine à écrire pour acheter ma belle chèvre dont je ne peux pas pour l'instant définir la couleur -, il est évident que mes dires puissent avoir un contact direct avec l'air et voilà... Je ne peux redire ce qui est déjà dit, car cela ne m'appartient plus.
    Nous préparons un grand projet, moi et ma chèvre. Un projet qui nous permettra de dépasser nos petits soucis un peu éparpillés sur notre vie courante, par exemple : j'ai du mal à localiser ma chèvre quand elle est Dieu seul sait où - chez un loup peut être, à se faire bouffer le matin, quand je suis entrain de rédiger mes poèmes, pour rentrer le soir en broutant. Il se peut que le loup lui même lui donne à manger, peut être qu'ils troquent entre eux, viande contre herbe. Je pourrais, une fois mes quelques problèmes résolus, acheter une machine, ou bien en faire construire, permettant de localiser sa chèvre, dont on ne peut définir la couleur, quand elle ne bêle pas.
-Il est assez concevable qu'on puisse en construire et ne m'interromps surtout pas, chèvre! Oh non! On fait désormais des machines à tout : à laver, à baiser, à écrire - j'en avais même une-, à faire la vaisselle, à chanter, à danser,à vivre, à prier, à pisser, à tout faire, quoi.
    J'ai écrit plusieurs poèmes, cela est peut être évident puisque ma chèvre n'a remué ses cordes vocales de bête depuis des lustres. J'écris sans arrêt, du libre, des quatrains, des alexandrins, des pentasyllabes, en arabe, en berbère, en français. Des fois même, j'écris en des langues inconnues, que seul moi et ma chèvre pouvons lire, ou même pas. Nous n'avons en tout cas jamais essayé.
    A présent, je suis assis sur un trottoir. Ma chèvre bêle, et je sais ainsi qu'elle est à coté. Je ne suis même pas capable d'affirmer à quelle profondeur je suis, dans la merde, mais je peux bien la sentir dense et pesante, sur mon coeur et sur mes épaules, et elle me le rappelle, la chèvre, car je ne peux plus écrire de vers. On a raconté, qu'il y avait un éditeur qui a refusé de m'acheter mes poèmes, comme quoi je suis aveugle, et que mon écriture était illisible. Mais ils sont bons, mes poèmes, et le fait que je sois aveugle ne veut aucunement dire que je suis incapable d'écrire, de faire tressaillir les âmes à haut goût au bout de chaque rime. Ma chèvre semble émue à écouter mes poèmes, elle n'a sûrement pas d'âme mais du goût, du haut goût, elle en possède pour sûr. Le temps que je commence à étaler mes arguments d'aveugle afin de me faire un petit paquet de vie avec tout l'espoir qui j'ai gardé lorsque ma vue avait volé aux éclats, ce tout petit souffle que nous nous gardons de ne faire éclater spectaculairement que quand on est sûr que notre tête est au dessus du niveau de l'eau, la chèvre me fait savoir que je suis sur le trottoir. Je fais péter mon souffle, mais bien avant la surface, je sombre et il commence à pleuvoir. Comme dans les films que je n'ai jamais pu regarder, quand les choses se cassent, il pleut pour que d'autres poussent, sauf pour les choses flexibles, comme ma chèvre. Elle fait sûrement à manger pour le loup sans pour autant perdre sa vie. Moi par contre, on a tiré sur moi pour inhaler et cracher, par la suite, la dernière bouffée de mon âme. Seule ma chèvre se souviendra de mes poèmes, car ils n'ont jamais été écrits. En vrai. Merde.

mercredi 4 mai 2011

Un autre rêve.


 Bonsoir. Je me sens fou. Mais, je n'ai tout de même pas la moindre intention de faire de cela un prétexte, si anodin que soit-il, qui collera peut-être les bribes de ce que mes propos auront tendance à briser : miroirs et illusions.
Je m'adresse à toi, te sollicitant l'accomplissement d'un rêve. De telles opportunités se représentent rarement au cours la vie humaine. Les uns périssent en quête d'un rêve. Les autres n'en disposent même pas. D'autres y renoncent, face à une multitude de contraintes qui se font couperet au cours de ce rêve. Nous avons certes droit à concevoir des songes, à toutes les perfections que peuvent nos esprits mettre en scène, à nager dans une rivière d'illusions dont les flots sont des petites charges accomplies qui vous frôlent l'âme, presque indétectable, et dont on ne témoigne qu'une douce ivresse inouïe. Ces utopies que grand nombre de personnes se trouve contraint maculer de quelques tâches de réalisme ; les munir, ainsi, d'un brin de crudité souhaitant de tout coeur, vainement peu-être, qu'ils soient passibles de concrétisation. Comme si en noircissant l'idéal, il finira par céder, car il ne le sera plus, et c'est justement le fait qu'il soit idéal qui lui octroie tant de prétention et d'impossibilité.
J'ai eu le privilège de rêver d'un de ces moments ordinaires. Quoique JE trouve du mal à m'attribuer ce rêve : je ne sais pas qui suis-je, mais je sais que nous sommes plusieurs. Mes principes dits "logiques" ne cessent de gronder ma plume, à cause de l'ambiguïté qui sème ce que je suis et ce que je rêve ; et en inscrivant ces informations je les confirme, quoiqu'elles soient dépourvues d'authenticité. Je n'ai pas la moindre idée sur celui qui a crié, mais je peux naturellement affirmer que le son parvient de telle ou telle maison. Donc c'est mon rêve. Merci.
J'ai rêvé de toi. Cela représente le premier trait réaliste de mon songe, vu que tu es vivante et tangible. Nous étions dans la cage d'escaliers de mon lycée. Et je me trouvais incapable de projeter mon regard ailleurs que  sur ta sublime face. Peut-être quêtait-il la moindre beauté, et que tu sois apparue plus attrayante que les murs blancs ou bien les escaliers en marbre faisant office de décor. Tu fus, en somme le plus beaux élément de ce rêve. J'ai cru pour quelques instants que ce fut la figure d'un ange qui se me lorgnait de ces regards incompréhensibles, m'invitant à un prompte paradis. Alors que ce n'était que toi. C'était toi. Et je n'avais certainement jamais rencontré d'anges, auparavant. Un très beau tableau.
Juste derrière ton visage, je pouvais dominer toute la ville du regard. La fenêtre du quatrième étage donnait sur tout. J'avais pris l'habitude de regarder la ville de haut, me rebiffant de me laisser écraser sous son ampleur, saisissant la moindre opportunité de la détrôner et d'être ce petit nuage qui lui pisse dessus sans qu'elle puisse broncher. Elle paraissait à chaque fois aussi mystérieuse qu'auparavant. Il paraît qu'elle soit très indifférente aux spectacles ayant lieu dans ses rues aliénées. Outre les futiles histoires, on sent la présence de quelque élément imperceptible quoique très influent. Que peut-on attendre d'une ville prostituée. Un spectacle fort amusant  qui sème de grosses graines de confusion dans mon esprit, et dont les troncs, aussitôt dressés, m'irritent de plus en plus. Je me demande si ma chère ville avait toujours été si rouge et si noire et que c'était la métamorphose que subissait ma perception envers elle qui la sevrait de son image d'antan, quand j'avais trois ans ; ou bien si elle s'affinait tel que je le faisait moi-même et que nous soyons liés par une grosse corde dorée : mélange de sperme et de whisky.
Tu n'es pas si belle que tu l'avais été dans mon rêve. Au réel, tu es réelle. Et je ne crois pas que le réel puisse excéder le songe en ce qui concerne la beauté. Nous nous regardions. Peut-être sommes nous embrassés, ma mémoire s'est percée à ce souvenir.
Je tenterai de réaliser ce rêve. Une nuit, dans mon jardin. Une bougie noiera ton visage de lumière, et je t'embrasserai et constituant le décor de mon rêve dans ma tête. Je ne peux te faire pénétrer mon lycée la nuit. Je traînerai tout de même le boulet de ma chimère. Mais je doute que la combinaison rêve-réel soit dépourvue de tout félicité. Nous sommes faibles, nous ne pouvons se permettre la lourdeur d'un rêve astronomique. Nous nous contenterons des miettes, mais des miettes dont nous sommes les préparateurs. Peut-être pas. On ne sait jamais qui est-ce qui parle. Il doit être un maître d'illusion. Je suis un peu fou. Mais il me faut accroître l'aura de mes testicules, de façon à ce que je puisse édifier un rêve.

Zakaria Mellouli Karim.

lundi 2 mai 2011

Un autre mort.



    Elle est là. Elle vous flatte, vous cajole, vous supplicie, vous submerge et vous déborde. Déplorable tristesse. Le regard nu, mains suintantes, têtes baissées, et le sang frigorifié. Sinistre. Affligé, isolé. Des gouttes d’eau perlent de ses crins, frôlant ses joues. S’enchevêtrent à ses larmes. Il lamente. Un aspect sordide. Deux silhouettes entrelacées, un mutisme lourd, malsain. Il spécule. Mais encore une fois il avait tort. « Anachorète » « suicidaire » « auto-mutilateur », patin couffin. Que dire ? Que faire sinon rouler de tristes et vagabondes pensées ? Il n’est plus qu’une ombre marmoréenne qui décampe la lumière. Seul dans sa psychose flamboyante, embastillé de ses anxiétés. Rien ne lui semble plus avoir d’éclat. Émotions immiscées. Aigreur incontrôlée. Angoisses cacophoniques, tristesse complaisante. Il erre telle une âme perdue, désirée, planée, flattée. L’envie meurtrière lui passe par la tête.
Peut-être qu’il aime la douleur ? Peut-être qu’il est fait comme çà ? Il ferait beau voir que cella est vrais. C’est l’exquise saveur de l’escobarderie, de la haine et de ses moindres et plaisant souffrances. Ce besoin d’expansion, n’est-il pas exorbitant ? Afflictions, chagrins. Malheurs, insondables tristesses… Oui. Pourquoi tant de tristesse ? Il pense. « Je veux sourire à nouveau. Bénéficier de chaque instant. Ne plus voir la vie comme une morose guerre d’usure. Me débarrasser du passé... Je ne me reconnais plus, qui suis-je ? Pourquoi je continue à vivre ? je ne sais pas... C’est bon, ça y est, c’est décidé. Advienne que pourra ! J’ai choisis la mort. Faites excuse. Je n’y peux rien. » Le temps s’avère bloqué dans l'obscurité accablante de cette immense pièce. Des ondes fracassent la surface moire de l'eau. Il ne veut aucunement résister. Un silence lourd. Il sombre. Il n’aurait jamais cru que ce serait si colossal. Son souffle se coupe. Ses lèvres bleuissent. Blanchissent. Son thorax brûle d'un manque d'air. Son sang se glace. Il n'aurai jamais réalisé que la mort serait si horriblement exquise.
Tout se mêle dans sa tête. Son âme semble vouloir naviguer au gré de ce délicat flot saboteur. Il ne voit plus que du black. Il plonge dans la nébulosité. Un noir tuant et bizarrement flamboyant. Un noir qui l'éblouit, mortifie. Il s’immerge dans la lumière.
Le bonheur, l’allégresse. Le malheur, la tristesse, ad libitum, c’est comme ça. Il avait peur. « Maudit soit le jour de ma naissance ». Il aurait aimé ne pas exister. Jamais. Il aurait aimé qu’un ange parvienne pour mettre un baume sur ses maux, ses brûlures, ses plaies... Pour recoudre les bribes de son cœur…
Il s'était perdu dans ses rêves nuageux et imprécis. Il fouillait sans cessation, encore et toujours le fil de soie si frêle, si énormément invisible, qui le jumelait nonobstant à l’aspect de ses rêves.
Cette jeunesse, cette vie, lui il la damne. « C’est déjà trop tard pour rêver. » Le pauvre avait déjà signé son arrêt de mort. 

                                                                                            FIN.
Wissam El Ahdal.

jeudi 28 avril 2011

Qui suis-je?

Les indéfinissables tourments d’une seule et unique pensée, irrévocablement accrochée à mes perceptions, voltigent. Ils me paraissent de plus en plus peineux et soigneusement douceâtres.
L’obsession qui, sans discontinuer, me possède et me hante fit naitre en moi ce sentiment de n’appartenir à rien, de ne rien vouloir, d’être ce rien. Plus facile serait de définir le moi dans le néant quand il existe tant de questions, de trous, de picotements, d’égratignures.
Quand ces petites blessures me submergent, que je me sens noyée dans un endroit sombre, les pieds flageolants et les entrailles crispées comme le soupir d’un silence, comme la larme d’un sourire, l’affliction me brise.
Ce va et vient inutile, sordidement cru et entièrement gravé dans mon existence a exterminé le présent, le plaisir, la joie, la haine, la colère. Il m’a exterminée. Le désir de trouver des réponses s’accroit au fil des questions. Celle qui m’étreigne jusqu’à me suffoquer ne connait point de clémence Qui suis-je ? 



Zineb El Boukili.

mercredi 27 avril 2011

Trait.

*Je dédie désormais mes billets. Grand que je suis.
On ne peut acheter l'accord de ses lecteurs. Merci pour avoir insisté, Soukaïna.

Mes jours semblables à mes nuits,
Je guette la mort, détournant l'ennui,
Amour, sombre lueur palpant mon coeur,
Le frôle promptement, et se dissipe dépourvue de toute ampleur,

Les flots d'eau et de fumée se murmurent assidûment mes jours,
M'emportent aux plus aigus des cieux, puis me fouettent d'un sommeil lourd,
Je ne sais qui suis-je, si ma plume respire,
Mais je peux peindre des songes, de petites ombres qui m'admirent,

Ces murmures de vie, étouffés, de langueur consument mon âme,
Perdu, éveillé, entre les bras de la mort, mon regard quête mes compagnons d'armes,

Ce fut la fête, à l'aube de ma mort,
Une minable silhouette distrait vainement l'aveugle sort,
Suis-je, ou pas, les flots fredonneront lors de mes funérailles,
On aperçoit mon tout petit cercueil gris, il a l'air plus morne que mes fiançailles,

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