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lundi 2 mai 2011

Un autre mort.



    Elle est là. Elle vous flatte, vous cajole, vous supplicie, vous submerge et vous déborde. Déplorable tristesse. Le regard nu, mains suintantes, têtes baissées, et le sang frigorifié. Sinistre. Affligé, isolé. Des gouttes d’eau perlent de ses crins, frôlant ses joues. S’enchevêtrent à ses larmes. Il lamente. Un aspect sordide. Deux silhouettes entrelacées, un mutisme lourd, malsain. Il spécule. Mais encore une fois il avait tort. « Anachorète » « suicidaire » « auto-mutilateur », patin couffin. Que dire ? Que faire sinon rouler de tristes et vagabondes pensées ? Il n’est plus qu’une ombre marmoréenne qui décampe la lumière. Seul dans sa psychose flamboyante, embastillé de ses anxiétés. Rien ne lui semble plus avoir d’éclat. Émotions immiscées. Aigreur incontrôlée. Angoisses cacophoniques, tristesse complaisante. Il erre telle une âme perdue, désirée, planée, flattée. L’envie meurtrière lui passe par la tête.
Peut-être qu’il aime la douleur ? Peut-être qu’il est fait comme çà ? Il ferait beau voir que cella est vrais. C’est l’exquise saveur de l’escobarderie, de la haine et de ses moindres et plaisant souffrances. Ce besoin d’expansion, n’est-il pas exorbitant ? Afflictions, chagrins. Malheurs, insondables tristesses… Oui. Pourquoi tant de tristesse ? Il pense. « Je veux sourire à nouveau. Bénéficier de chaque instant. Ne plus voir la vie comme une morose guerre d’usure. Me débarrasser du passé... Je ne me reconnais plus, qui suis-je ? Pourquoi je continue à vivre ? je ne sais pas... C’est bon, ça y est, c’est décidé. Advienne que pourra ! J’ai choisis la mort. Faites excuse. Je n’y peux rien. » Le temps s’avère bloqué dans l'obscurité accablante de cette immense pièce. Des ondes fracassent la surface moire de l'eau. Il ne veut aucunement résister. Un silence lourd. Il sombre. Il n’aurait jamais cru que ce serait si colossal. Son souffle se coupe. Ses lèvres bleuissent. Blanchissent. Son thorax brûle d'un manque d'air. Son sang se glace. Il n'aurai jamais réalisé que la mort serait si horriblement exquise.
Tout se mêle dans sa tête. Son âme semble vouloir naviguer au gré de ce délicat flot saboteur. Il ne voit plus que du black. Il plonge dans la nébulosité. Un noir tuant et bizarrement flamboyant. Un noir qui l'éblouit, mortifie. Il s’immerge dans la lumière.
Le bonheur, l’allégresse. Le malheur, la tristesse, ad libitum, c’est comme ça. Il avait peur. « Maudit soit le jour de ma naissance ». Il aurait aimé ne pas exister. Jamais. Il aurait aimé qu’un ange parvienne pour mettre un baume sur ses maux, ses brûlures, ses plaies... Pour recoudre les bribes de son cœur…
Il s'était perdu dans ses rêves nuageux et imprécis. Il fouillait sans cessation, encore et toujours le fil de soie si frêle, si énormément invisible, qui le jumelait nonobstant à l’aspect de ses rêves.
Cette jeunesse, cette vie, lui il la damne. « C’est déjà trop tard pour rêver. » Le pauvre avait déjà signé son arrêt de mort. 

                                                                                            FIN.
Wissam El Ahdal.

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