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samedi 30 juillet 2011

Le poète et la chèvre.



L'absurde est un degré de comique très élevé et aux caractéristiques spécifiques et qui est loin d'être apprécié par tous.

    Bonsoir, je suis un poète et j'ai une chèvre.
    Ma chèvre, elle bêle peu. Cela est sans aucun doute dû au fait que je sois poète, que je parle trop, en plusieurs formes, et qu'il ait un lien entre moi et ma chèvre, qui fait que nous puisions nos idées de la même source. A chaque fois que ma chèvre a envie de dire quelque propos -plutôt en bêler-, il s'avère que ces derniers figurent parmi mes vers, qu'ils étaient sortis à l'air et avaient frôlé le monde. A cet instant-ci, l'idée ne m'appartient plus - comme avait dit Tchekov - et elle n'appartient pas à ma chèvre non plus. C'est comme si un virus de SIDA avait touché l'air, à ce moment précis, il périt. Eh bien c'est ainsi pour nos idées, moi et ma chèvre, quand ça touche l'air, le lien nous réunissant à elle n'est plus, ça commence à appartenir à quelqu'un d'autre, mais aucunement à nous deux, ou à un d'entre nous. Et comme j'écris à l'encre - j'avais vendu ma machine à écrire pour acheter ma belle chèvre dont je ne peux pas pour l'instant définir la couleur -, il est évident que mes dires puissent avoir un contact direct avec l'air et voilà... Je ne peux redire ce qui est déjà dit, car cela ne m'appartient plus.
    Nous préparons un grand projet, moi et ma chèvre. Un projet qui nous permettra de dépasser nos petits soucis un peu éparpillés sur notre vie courante, par exemple : j'ai du mal à localiser ma chèvre quand elle est Dieu seul sait où - chez un loup peut être, à se faire bouffer le matin, quand je suis entrain de rédiger mes poèmes, pour rentrer le soir en broutant. Il se peut que le loup lui même lui donne à manger, peut être qu'ils troquent entre eux, viande contre herbe. Je pourrais, une fois mes quelques problèmes résolus, acheter une machine, ou bien en faire construire, permettant de localiser sa chèvre, dont on ne peut définir la couleur, quand elle ne bêle pas.
-Il est assez concevable qu'on puisse en construire et ne m'interromps surtout pas, chèvre! Oh non! On fait désormais des machines à tout : à laver, à baiser, à écrire - j'en avais même une-, à faire la vaisselle, à chanter, à danser,à vivre, à prier, à pisser, à tout faire, quoi.
    J'ai écrit plusieurs poèmes, cela est peut être évident puisque ma chèvre n'a remué ses cordes vocales de bête depuis des lustres. J'écris sans arrêt, du libre, des quatrains, des alexandrins, des pentasyllabes, en arabe, en berbère, en français. Des fois même, j'écris en des langues inconnues, que seul moi et ma chèvre pouvons lire, ou même pas. Nous n'avons en tout cas jamais essayé.
    A présent, je suis assis sur un trottoir. Ma chèvre bêle, et je sais ainsi qu'elle est à coté. Je ne suis même pas capable d'affirmer à quelle profondeur je suis, dans la merde, mais je peux bien la sentir dense et pesante, sur mon coeur et sur mes épaules, et elle me le rappelle, la chèvre, car je ne peux plus écrire de vers. On a raconté, qu'il y avait un éditeur qui a refusé de m'acheter mes poèmes, comme quoi je suis aveugle, et que mon écriture était illisible. Mais ils sont bons, mes poèmes, et le fait que je sois aveugle ne veut aucunement dire que je suis incapable d'écrire, de faire tressaillir les âmes à haut goût au bout de chaque rime. Ma chèvre semble émue à écouter mes poèmes, elle n'a sûrement pas d'âme mais du goût, du haut goût, elle en possède pour sûr. Le temps que je commence à étaler mes arguments d'aveugle afin de me faire un petit paquet de vie avec tout l'espoir qui j'ai gardé lorsque ma vue avait volé aux éclats, ce tout petit souffle que nous nous gardons de ne faire éclater spectaculairement que quand on est sûr que notre tête est au dessus du niveau de l'eau, la chèvre me fait savoir que je suis sur le trottoir. Je fais péter mon souffle, mais bien avant la surface, je sombre et il commence à pleuvoir. Comme dans les films que je n'ai jamais pu regarder, quand les choses se cassent, il pleut pour que d'autres poussent, sauf pour les choses flexibles, comme ma chèvre. Elle fait sûrement à manger pour le loup sans pour autant perdre sa vie. Moi par contre, on a tiré sur moi pour inhaler et cracher, par la suite, la dernière bouffée de mon âme. Seule ma chèvre se souviendra de mes poèmes, car ils n'ont jamais été écrits. En vrai. Merde.

mercredi 4 mai 2011

Un autre rêve.


 Bonsoir. Je me sens fou. Mais, je n'ai tout de même pas la moindre intention de faire de cela un prétexte, si anodin que soit-il, qui collera peut-être les bribes de ce que mes propos auront tendance à briser : miroirs et illusions.
Je m'adresse à toi, te sollicitant l'accomplissement d'un rêve. De telles opportunités se représentent rarement au cours la vie humaine. Les uns périssent en quête d'un rêve. Les autres n'en disposent même pas. D'autres y renoncent, face à une multitude de contraintes qui se font couperet au cours de ce rêve. Nous avons certes droit à concevoir des songes, à toutes les perfections que peuvent nos esprits mettre en scène, à nager dans une rivière d'illusions dont les flots sont des petites charges accomplies qui vous frôlent l'âme, presque indétectable, et dont on ne témoigne qu'une douce ivresse inouïe. Ces utopies que grand nombre de personnes se trouve contraint maculer de quelques tâches de réalisme ; les munir, ainsi, d'un brin de crudité souhaitant de tout coeur, vainement peu-être, qu'ils soient passibles de concrétisation. Comme si en noircissant l'idéal, il finira par céder, car il ne le sera plus, et c'est justement le fait qu'il soit idéal qui lui octroie tant de prétention et d'impossibilité.
J'ai eu le privilège de rêver d'un de ces moments ordinaires. Quoique JE trouve du mal à m'attribuer ce rêve : je ne sais pas qui suis-je, mais je sais que nous sommes plusieurs. Mes principes dits "logiques" ne cessent de gronder ma plume, à cause de l'ambiguïté qui sème ce que je suis et ce que je rêve ; et en inscrivant ces informations je les confirme, quoiqu'elles soient dépourvues d'authenticité. Je n'ai pas la moindre idée sur celui qui a crié, mais je peux naturellement affirmer que le son parvient de telle ou telle maison. Donc c'est mon rêve. Merci.
J'ai rêvé de toi. Cela représente le premier trait réaliste de mon songe, vu que tu es vivante et tangible. Nous étions dans la cage d'escaliers de mon lycée. Et je me trouvais incapable de projeter mon regard ailleurs que  sur ta sublime face. Peut-être quêtait-il la moindre beauté, et que tu sois apparue plus attrayante que les murs blancs ou bien les escaliers en marbre faisant office de décor. Tu fus, en somme le plus beaux élément de ce rêve. J'ai cru pour quelques instants que ce fut la figure d'un ange qui se me lorgnait de ces regards incompréhensibles, m'invitant à un prompte paradis. Alors que ce n'était que toi. C'était toi. Et je n'avais certainement jamais rencontré d'anges, auparavant. Un très beau tableau.
Juste derrière ton visage, je pouvais dominer toute la ville du regard. La fenêtre du quatrième étage donnait sur tout. J'avais pris l'habitude de regarder la ville de haut, me rebiffant de me laisser écraser sous son ampleur, saisissant la moindre opportunité de la détrôner et d'être ce petit nuage qui lui pisse dessus sans qu'elle puisse broncher. Elle paraissait à chaque fois aussi mystérieuse qu'auparavant. Il paraît qu'elle soit très indifférente aux spectacles ayant lieu dans ses rues aliénées. Outre les futiles histoires, on sent la présence de quelque élément imperceptible quoique très influent. Que peut-on attendre d'une ville prostituée. Un spectacle fort amusant  qui sème de grosses graines de confusion dans mon esprit, et dont les troncs, aussitôt dressés, m'irritent de plus en plus. Je me demande si ma chère ville avait toujours été si rouge et si noire et que c'était la métamorphose que subissait ma perception envers elle qui la sevrait de son image d'antan, quand j'avais trois ans ; ou bien si elle s'affinait tel que je le faisait moi-même et que nous soyons liés par une grosse corde dorée : mélange de sperme et de whisky.
Tu n'es pas si belle que tu l'avais été dans mon rêve. Au réel, tu es réelle. Et je ne crois pas que le réel puisse excéder le songe en ce qui concerne la beauté. Nous nous regardions. Peut-être sommes nous embrassés, ma mémoire s'est percée à ce souvenir.
Je tenterai de réaliser ce rêve. Une nuit, dans mon jardin. Une bougie noiera ton visage de lumière, et je t'embrasserai et constituant le décor de mon rêve dans ma tête. Je ne peux te faire pénétrer mon lycée la nuit. Je traînerai tout de même le boulet de ma chimère. Mais je doute que la combinaison rêve-réel soit dépourvue de tout félicité. Nous sommes faibles, nous ne pouvons se permettre la lourdeur d'un rêve astronomique. Nous nous contenterons des miettes, mais des miettes dont nous sommes les préparateurs. Peut-être pas. On ne sait jamais qui est-ce qui parle. Il doit être un maître d'illusion. Je suis un peu fou. Mais il me faut accroître l'aura de mes testicules, de façon à ce que je puisse édifier un rêve.

Zakaria Mellouli Karim.

lundi 2 mai 2011

Un autre mort.



    Elle est là. Elle vous flatte, vous cajole, vous supplicie, vous submerge et vous déborde. Déplorable tristesse. Le regard nu, mains suintantes, têtes baissées, et le sang frigorifié. Sinistre. Affligé, isolé. Des gouttes d’eau perlent de ses crins, frôlant ses joues. S’enchevêtrent à ses larmes. Il lamente. Un aspect sordide. Deux silhouettes entrelacées, un mutisme lourd, malsain. Il spécule. Mais encore une fois il avait tort. « Anachorète » « suicidaire » « auto-mutilateur », patin couffin. Que dire ? Que faire sinon rouler de tristes et vagabondes pensées ? Il n’est plus qu’une ombre marmoréenne qui décampe la lumière. Seul dans sa psychose flamboyante, embastillé de ses anxiétés. Rien ne lui semble plus avoir d’éclat. Émotions immiscées. Aigreur incontrôlée. Angoisses cacophoniques, tristesse complaisante. Il erre telle une âme perdue, désirée, planée, flattée. L’envie meurtrière lui passe par la tête.
Peut-être qu’il aime la douleur ? Peut-être qu’il est fait comme çà ? Il ferait beau voir que cella est vrais. C’est l’exquise saveur de l’escobarderie, de la haine et de ses moindres et plaisant souffrances. Ce besoin d’expansion, n’est-il pas exorbitant ? Afflictions, chagrins. Malheurs, insondables tristesses… Oui. Pourquoi tant de tristesse ? Il pense. « Je veux sourire à nouveau. Bénéficier de chaque instant. Ne plus voir la vie comme une morose guerre d’usure. Me débarrasser du passé... Je ne me reconnais plus, qui suis-je ? Pourquoi je continue à vivre ? je ne sais pas... C’est bon, ça y est, c’est décidé. Advienne que pourra ! J’ai choisis la mort. Faites excuse. Je n’y peux rien. » Le temps s’avère bloqué dans l'obscurité accablante de cette immense pièce. Des ondes fracassent la surface moire de l'eau. Il ne veut aucunement résister. Un silence lourd. Il sombre. Il n’aurait jamais cru que ce serait si colossal. Son souffle se coupe. Ses lèvres bleuissent. Blanchissent. Son thorax brûle d'un manque d'air. Son sang se glace. Il n'aurai jamais réalisé que la mort serait si horriblement exquise.
Tout se mêle dans sa tête. Son âme semble vouloir naviguer au gré de ce délicat flot saboteur. Il ne voit plus que du black. Il plonge dans la nébulosité. Un noir tuant et bizarrement flamboyant. Un noir qui l'éblouit, mortifie. Il s’immerge dans la lumière.
Le bonheur, l’allégresse. Le malheur, la tristesse, ad libitum, c’est comme ça. Il avait peur. « Maudit soit le jour de ma naissance ». Il aurait aimé ne pas exister. Jamais. Il aurait aimé qu’un ange parvienne pour mettre un baume sur ses maux, ses brûlures, ses plaies... Pour recoudre les bribes de son cœur…
Il s'était perdu dans ses rêves nuageux et imprécis. Il fouillait sans cessation, encore et toujours le fil de soie si frêle, si énormément invisible, qui le jumelait nonobstant à l’aspect de ses rêves.
Cette jeunesse, cette vie, lui il la damne. « C’est déjà trop tard pour rêver. » Le pauvre avait déjà signé son arrêt de mort. 

                                                                                            FIN.
Wissam El Ahdal.

jeudi 28 avril 2011

Qui suis-je?

Les indéfinissables tourments d’une seule et unique pensée, irrévocablement accrochée à mes perceptions, voltigent. Ils me paraissent de plus en plus peineux et soigneusement douceâtres.
L’obsession qui, sans discontinuer, me possède et me hante fit naitre en moi ce sentiment de n’appartenir à rien, de ne rien vouloir, d’être ce rien. Plus facile serait de définir le moi dans le néant quand il existe tant de questions, de trous, de picotements, d’égratignures.
Quand ces petites blessures me submergent, que je me sens noyée dans un endroit sombre, les pieds flageolants et les entrailles crispées comme le soupir d’un silence, comme la larme d’un sourire, l’affliction me brise.
Ce va et vient inutile, sordidement cru et entièrement gravé dans mon existence a exterminé le présent, le plaisir, la joie, la haine, la colère. Il m’a exterminée. Le désir de trouver des réponses s’accroit au fil des questions. Celle qui m’étreigne jusqu’à me suffoquer ne connait point de clémence Qui suis-je ? 



Zineb El Boukili.

mercredi 27 avril 2011

Trait.

*Je dédie désormais mes billets. Grand que je suis.
On ne peut acheter l'accord de ses lecteurs. Merci pour avoir insisté, Soukaïna.

Mes jours semblables à mes nuits,
Je guette la mort, détournant l'ennui,
Amour, sombre lueur palpant mon coeur,
Le frôle promptement, et se dissipe dépourvue de toute ampleur,

Les flots d'eau et de fumée se murmurent assidûment mes jours,
M'emportent aux plus aigus des cieux, puis me fouettent d'un sommeil lourd,
Je ne sais qui suis-je, si ma plume respire,
Mais je peux peindre des songes, de petites ombres qui m'admirent,

Ces murmures de vie, étouffés, de langueur consument mon âme,
Perdu, éveillé, entre les bras de la mort, mon regard quête mes compagnons d'armes,

Ce fut la fête, à l'aube de ma mort,
Une minable silhouette distrait vainement l'aveugle sort,
Suis-je, ou pas, les flots fredonneront lors de mes funérailles,
On aperçoit mon tout petit cercueil gris, il a l'air plus morne que mes fiançailles,

dimanche 13 mars 2011

Karim.

    Ce récit est dédié à Reda, un fidèle lecteur et admirateur de mes écrits. Cela me fait énormément plaisir, merci Reda. C'est pour cela d'ailleurs que j'aimerai te révéler un petit secret : tu vas mourir.

    Un masque de chaleur et de gaieté saturait les nombreuses plaies de Casablanca. Depuis des lustres la ville et ses occupants se sont résignés à vivre au jour le jour. Que le ciel leur urine dessus, ou les gratifie des plus amicales des rayons de soleil leur était, désormais, égal. La tragédie et le burlesque avançaient cote-à-cote et les acteurs, habitants la ville blanche, incarnaient si bien leurs rôles qu'on aurait cru qu'il s'agissait d'une vrai histoire. Il en s'agit, en effet.
    L'appel que Karim avait reçu l'avait foudroyé, soudain il sentit ses vaines devenir raides comme si son sang avant été glacé tout d'un coup. On lui avait crié - tellement il semblait absent au premier contact de la nouvelle-, à l'autre bout du fil, que son frère s'apprêtait à sauter du haut de l'hôtel Golden Plaza, cet immense édifice, lieu de travail de ce dernier, et qu'il devait absolument se présenter à l'hôtel. Ils avaient bien fait de l'appeler, c'était après tout la personne la plus proche du vice-cadavre. Du moins c'est qu'on pensait. Karim s'obstina de s'investir dans la moindre réflexion sur les circonstances qui avaient abouti à ce coup de théâtre - admirateur de Balzac, il vivait une comédie. Il ne permettait pas la moindre fuite de ces ignobles hordes de questions qui fusaient ça et là dans sa tête, un torrent qui immergea son esprit après quelques instants de vide totale, suscité sans doute par la mauvaise nouvelle. Elles se heurtaient rudement à ce mur, âgé de dix secondes, qu'avait battit Karim afin de séparer les archives de sa mémoire du champ d'effervescence des interrogations infinies, afin de se rappeler paisiblement là où il avait posé les clefs de la voiture. Mais les cruciales points d'interrogations sans discontinuer, et sans diminuer de brutalité, cognaient le mur qui commença à défaillir. Finalement le vertige et quelques maux triomphèrent, il s'assit sur la fauteuil blanc, dont la couleur paraissant aigre à ses yeux, il synchronisa ses sens avec son cerveau, colla les bribes de son esprit en se pinçant à la joue, puis projeta un regard qui semblait puiser sa vie des rayons de soleil projetés par le stylo à plume posé sur la table de verre. A droite du stylo étaient posés les clefs de l'Allemande, elles semblaient lui adresser un minable sourire sarcastique, mais il aimait sa voiture. L'Allemande goba les traits blancs tracés sur la chaussée, des mirages se constituaient au bout de la route, tant la chaleur avait été intense, et simultanément, la voiture et Karim crachèrent de la fumé grise qui s'évanouissait, sous les rayons du soleil, murmurant des marches funèbres. << Ta gueule ! >> cria-t-il et les fumé céda interrompant ses gazouillis.
    Sur le toit de l'immeuble, son frère sanglotait, il parlait de son échec persistant, du monde qui approchait du mur auquel il est supposé se heurter et dont les traits absurdes devenaient plus flagrants que jadis lorsqu'ils étaient petits, lorsque tout le monde était petit, et d'une tragédie amoureuse. Son assassine semblait avoir si bien fait sa besogne, le frère était trop attaché et les chaînes étaient construites d'or et de sang, un mélange amer - le frère le signala dans son long discours. Il parlait d'Aphrodite et de Sophie, il confondait les noms à vrai dire. Le monde semblait avoir si bien incarné son rôle. Fumer tue, aimer tue, vivre tue. Karim vit toute sa vie défiler devant ses yeux, qui négligeaient désormais le décor exterieur et avaient l'air de voir dedans, derrière eux. Ce spectacle éblouit le frère qui interrompit aussitôt son conte afin de dévisager le visiteur plus scrupuleusement. Karim assista à la comédie complète en quelques secondes. Il ne semblait pas être satisfait du titre qu'il avait attribué à son existence. <<Pourquoi pas tragédie ? >> pensa-t-il lorsqu'un petit sourire se dessina au coté droit de ses lèvres. Il courut si vite que son frère ne put déchirer son chemin vers la mort. Il atterrit sur une belle Cadillac conduite par un paranoïaque américain auquel il a fallut dix ans pour reprendre ses affaires dans les pays arabes, suite aux "attentats" du onze septembre.
    A quelques trottoirs de l'hôtel, un jeune homme guettait un client - il est prostitué-, et une jeune femme se dirigeait vers son lieu de travaille, elle est policière.
    Un jeune cadre, Karim Ben ******, s'est suicidé le 24/03/2011. Sa femme Sophie recevra ses affaires personnelles. Elle affirme avoir vu son mari le matin en bonne forme, et lui avoir parlé au téléphone deux heures avant l'incident, il semblait occupé tel toujours, elle ajoute lui avoir crié dessus puis raccroché au nez. Elle regrette.

dimanche 27 février 2011

Une âme frêle dans un carton.


Sur un sourire j'ai aperçu une âme frêle,
Laissant fuir une larme grise et râpeuse, larme de noël,
Un cri déchira la fumé de l'archaïque cheminée,
Réveilla le monde de sa vie piteuse, inanimée,

Le sourire narquois dissimule une mer de merde et de tragédies,
L'âme est naïve, l'âme est martyre et elle persiste quoique sincère,
Le temps les écrase et les mutile, ils font de même aux plus petits,
Un jour la pute et le bourreau seront eux mêmes de terribles mères,

La cheminée sans discontinuer grille masses d'esprits et de bois,
L'arbre chante : les ânes abrutis ont aussi des oreilles tel toi et moi,
Et sur la sombre colline se dresse un ample et vif drapeau,
Qui inspire vie et mort et dont les regards font frimer la peau,

L'âme est paisible dans son carton fait de palais et de savoir absolus,
Au premier contact aux airs de l'aube elle égare son aura superflue,
Sanglotante elle implore les voisines en vain, -Commisération !
Mais l'herbe est vive et les femmes sont succulentes en d'autres cartons,

Les voisines vivent joyeuses et imbéciles telle, jadis, cette petite âme,
Elle a appris par la rudesse à ne plus offrir sa foi aux vieux poèmes,
Elle dévisage avec lucidité ses futures compagnes de misère,
Elle boit et fume, regarde son passé défiler telle une chimère,

Un jour ou l'autre tous les cartons ne seront plus,
Et l'audace et les prétentions seront lynchés, mis à nu,
Le sourire demeurera spectateur au théâtre humain,
Et l'âme frêle rédigera des poèmes parlant de dieux et de pain,

La paquebot bourreau.


Une fleur pleure, une fleur hurle,
Des cris fébriles aux tourments de sa soeur la mule,
Se lamente sur les peines du temps et le crachat de l'honneur,
Qui chuchote victoire, narquois, à l'ouïe déficient de la pauvre fleur,

Puis vint le paquebot, sentant l'écume et l'espoir,
Titillant les opulentes vagues d'aigre tempérament,
Il dévisage la lune, maudite et voluptueuse tous les soirs,
Implore le vin, implore les saints criant vainement : ô perfide amant,

La fleur approcha embrasser, puiser baume et élixir au géant des mers,

Sur la fleur tomba une virgule de sueur, logeant jadis la cheminée de la baleine,
L'abandonna éperdue aux bras des dérangées pulsions, inerte pour une semaine,
La mule morte-vivante brisée d'amour et de compassion,
Souffla à la fleur son haleine d'animal, exhalant le tabac et la passion,

Lui conta ses craintes poussiéreuses de l'imprédictible calamité,
Qui épiait d'un oeil pensif, ses couleurs et son harmonie, belle statue d'ardente amitié,
Le paquebot séjourna au port, baratinant les flots et les oiseaux,
Cachant sa contrition qui lui érode le coeur, se rebiffant en vain aux persistants maux,

La mule souffla encore, dans sa flûte orientale,
Tirant sur la cigarette et diffusant de mystiques mélodies,
Telle une sainte fumée elles apostrophèrent les anges, et balayèrent le mal,
La fleur reconquit aussitôt teint, bonheur et doux angoisse de la vie,

La paquebot toisa l'ample horizon tiède aux cris de joie et de langueur,
Eut un rêve ou de fous spectres indiquèrent une éloquente rose,
Sur l'autre rive ou l'homme est le plus divin d'entre les songeur,
Il embrassa son rhum et son pain et proclama : Comédie close !

jeudi 17 février 2011

Premier aperçu de ma folie. Oui folie !


    Il est bien de vivre. Mais il est mythique de survivre.
    Depuis des jours, je crois que je deviens fou. Bien que je n'aime pas le terme "fou" vu son teint péjoratif qui connote bêtise et négligence de ses histoires, les histoires de sa vie. Et puisque les hommes constituent entre eux une foutue,  magique, délicate chaîne, en nuisant à sa vie on risque d'affecter celle de ses co-prisonniers, ce qui les inspire à mettre ce "fou" à la marge et l'empêcher de survivre. Parfois on n'ose même pas nuire à sa vie, mais on n'aspire qu'à la rendre plus vive, faire en sorte qu'on ne finisse pas tels ces vides d'esprits qui abhorrent la mort alors qu'ils y sont, mais vivants. Ils ont horreur de la mort plus que nous tous. Chuchotements : Les secret, c'est qu'ils sont déjà morts, ils ont tant souffert de la mort qu'ils ne voudraient l'expérimenter en vrai. Ils sont en sécurité dans leur château d'illusions,  de mirages vivants ainsi que de cette idéologie dont ils sont les incontestables créateurs. Ces malheureux abrutis qui n'ont qu'à vivre, parcourir une route insignifiante, fade et sans couleur. Et qui envient, en effet, le fou. Il est libre et il survie. Ne serait-ce qu'en lui attribuant tout un paquet de préjugés. Mais là intervient mon cher Bukowski, en proclamant : " Certains ne deviennent jamais fous... Leurs vies doivent être bien ennuyeuses. " Vous entendez !
Revenons à MA folie. Je désire que vous réagissez lors de votre lecture de ce billet, notamment si vous êtes un psy. Sinon, écrivez n'importe-quoi.
Il y a des nuits où je me sens dieu. Un dieu si seul et si misérable. Quand j'écris je suis le huitième sage, et quand je parle...non cela s'avère dur. Ma tête semble lieu des plus rudes des combats, mais des combats sans adversaires et sans but. Les idées fusent ça et là. Je me perds dans ma propre pensée en voulant songer à un crayon, je fais tout déborder. Tel une rangée d'habits superposées, quand vous tirez votre chemise bleue, tout s'effondre à vos pieds. Alors je me dis : Merde je suis fou ! Cependant, au moment d'écrire, j'ai cet angoisse de la page blanche, elle dévore monstrueusement mes plus belles idées, et me rend le cerveau vide devant du blanc. Tel un vrai fou face au mur blanc de sa cellule - on le met dans des cellules et non pas dans des chambres. Mais bon.. qui pourra succomber à la cruauté de l'homme, sinon lui même-, sur lequel sa vie se peint et se dissipe. Prend des formes magiques, mais toutes blanches, au dessus d'un fond blanc. Puis deviennent plus blanches et disparaissent. Tout est en blanc! Mon coeur bat de plus en plus fort, les idées grouillent dans ma cervelles et font un vrai vacarme. Quand j'essaye, encore, désespérément, d'écrire. Je me retrouve muet, si muet qu'un homme dont la chaîne d'or, le reliant au monde des singes s'est brisée. Là il réalise qu'elle n'était pas vraiment faite d'or, mais de merde. Je me sens très seul, l'homme n'est jamais si seul que je ne le sens. Car à ce moment là, c'est une fleur du plus profond jardin de mon esprit qui se manifeste. Nulle ne sait y aboutir, ni communiquer avec cette multitude de couleurs. Quoique je parle, je ne fais que passer ses messages, et nul ne sait y y dénicher réponse. Mais je ne doute pas qu'ils puissent comprendre, ils ont eux aussi cette fleur chez eux. Et je pense partout, la fleur provoque tout autre meuble de mon esprit, elle stimule ego, cruauté, douceur, chagrin.. tout, absolument tout. Mais j'ai tout un tas d'idées à écrire. A ce moment là je pourrais écrire une divine Joconde qui rendra mon père si fier qu'il m'accordera le droit de laisser tomber mes études de mathématiques et de parcourir mes lettres, mais je n'y parviens pas. Encore un rêve qui échoue. Et c'est cela qui rend la sensation plus atroce, mais intéressante. Je ne peux focaliser que sur une seule émotion, et avec tout ce charabia les pleurs prennent le dessus, non pas vraiment je les sens au bout de ma gorge mais quelque chose d'autre les retient et le immobilise. Quoi d'autre. Oui, je sens aussi que le monde n'a plus de sens, que rien n'a plus de sens. Cet état d'âme arrache tout intérêt à la vie et ses petits coins agréables. La peint de gris et de rouge. Et bien d'autres "folies" dont je n'ai pu me souvenir.
Dès que je suis parmi un groupe de personnes, tout part.
Je ne suis point ennuyé par ces visites, que je nomme "sage folie" mais je désire fort briser ce mystère. J'ai pris l'habitude de bien me connaître. Je contrôler mes actes, conscient de leur pouvoir et leur impact sur mon futur. Mais ainsi, je me trouve abruti, quoique je suis chez moi. Ebahi par ma propre réflexion, alors que je suis supposé en être maître et créateur.
Fin.

samedi 5 février 2011

Deux cigarettes et, un bout de savon.

    -Screw colours.- Yeah angel screw colours.
    Deux répliques avaient meublé cette transition à un nouveau monde, à l'acquisition d'une nouvelle perception de l'existence, et ,par conséquent, la métamorphose du goût de cette dernière. Entre lui et son ange, ce dialogue fut si bref qu'épique. Tels ces sourires sarcastiques que s'amuse le capricieux destin a nous murmurer, géant et musclé, en faisant dérailler notre locomotive si sûre, où tous nos savoirs semblent absolus bannant toutes ombres de doutes et d'anxiété. N'était-ce pas le seul chagrin auquel nous heurtons nos fronts si passionnés et si hâtés à conquérir le monde et ses meubles.
Deux phrases, deux mondes, deux personnages. Cependant, nos deux héros ne demeurèrent qu'au sein d'une seule et unique cité, une cité guérie de toutes couleurs, agréable et sans complexes. Parfumée de flegme et de neutralité. Pas humaine du tout, cette cité, puisqu'elle était à court de couleurs. Elle était noire et blanche. Son premier aspect représentait tous les teins, et son autre en représentait l'éclipse.
Il avait marchandé sa nouvelle vue avec un diable juif. Quoique les négociations fussent rudes, il réussit à obtenir deux cigarette et un bout de savon. C'était bien cela, il avait peint son monde en blanc et noir pour deux cigarettes et un bout de savon. Il avait su, tout de même, clore son affaire : rien n'avait plus de saveur ni de couleurs. Il n'avait plus qu'à se laver, afin d'empêcher ces petites bestioles de lui ronger le corps et d'y parsemer la corruption, de jouir de nouvelle vision et, de patienter jusqu'à l'avènement du prochain train : celui de la mort.
Ce fut un acte de pure lâcheté et humanité. Il avait renoncé à une grande part de son existence. Celle de la diversité. Des hommes avancèrent même que la vie consistait en la diversité de ces éléments. La sienne était aigre, de piètre qualité et unie dans un couple contradictoire : blanc et noir. Comme si on la regardait défiler dans un vieux poste de télévision, un navet du cinéma humain. Une comédie tragique de l'homme, intitulée échec et choix. Je donne à ces braves hommes un argument à détruite leurs prétentions : je faisais vivre mon ami dans le noir et blanc. Cependant, j'approuve que la vie n'est qu'une série de choix, sur une plateforme de contraintes. Autrement dit : vous êtes libres, dans une prison.
Mon ami c'était procuré un paradis. Pas seulement les appellations des couleurs ne parvenaient plus à atteindre son esprit, mais toute allure de multiplicité pouvant résider dans SON monde lui fut épargnée. Il n'y avait plus de : un peu bon, naïf, égoïste, hypocrite, semi-mauvais, d'humeur changeante.. Ni rapide, lent, un peu lent, un peu rapide.. Ni moyen, petit, plus petit, plus grand, moins grand.. NON ! Plus une seule trace de cette maudite relativité! Son monde se constituait d'extrémités, sans scrupules ni inquiétude, il pouvait désormais... Vivre. Vivre dans un monde absolut, ce train paradisiaque qui n'attendra pas la fin des temps pour subir la colère du destin. Ce destin cruel, si envieux à nous autres humain qui pouvons se réjouir d'un tout petit bout de bonheur. Ayant l'anxiété dans la peau, nous sommes conscients que nous perdrons d'une seconde à une autre ce sein qui nous allaite de lait et de satisfaction, puisée de nos mirages conçues à leur tour au cours de ces jours aigres puant l'urine et le temps.
Je ne puis désigner le temps qu'il avait vécu en euphorie, le temps est relatif... Mais un jour, vint le diable juif furieux de la mauvaise affaire qu'il avait conclu. Il raconta qu'on se moqua de lui tout au long de cette période, là bas, au royaume des diables. Ces camarades lui reprochèrent idiotie et malchance, eux mêmes avaient eu l'habitude de vendre leurs couleurs à d'autres créatures afin de perfectionner leur monde, des ânes par exemple. Mon ami refusa de reprendre ses couleurs, il préféra céder son âme que de récupérer cette vison malsaine de l'existence. Son âme lui fut retirée. Il est mort à l'instant où j'écris ces lignes. Il a un jour habité Agadir, au quartier des amicales à coté d'un boucher.
Le lendemain de sa mort, j'ai vu le destin traverser vers la boucher. Balançant son sourire sarcastique sur les lèvres. Cette fois, l'importun me fut dirigé. Je dessine de ma part un tel sourire et l'afficha sur ma tronche, ainsi il saura avec qui il a affaire ce maudit destin, avec un gosse de seize ans qui a su le dénoncer.

Zakaria Mellouli Karim.

mercredi 26 janvier 2011

Le jeune homme et le ciel. Et l'oiseau.



    Séguéla a lancé un jour : " Si à 50 ans, on a pas de rolex, on a quand même raté sa vie". Si à soixante-dix ans on a pas de toit, on a ...rien.
Il se réfugia dans un coin isolé de la ville, loin de ces jeunes qui croquent encore à la délicieuse vie. Il passait souvent inaperçu, afin de ne pas leur faire peur. Car lui, il n'était pas jeune et n'avait pas de rolex non plus, il avait soixante-dix ans et une bouteille de whisky.
Il buvait l'échec que représentait son existence, il buvait toutes ces belles filles qu'il avait visité au lit, il buvait sa fortune trépassée et, le froid qui demeurait dans des trous en ses os. On pouvait croire que c'est bien ce sentiment de nostalgie, de grandeur morte qui le maintenait en vie, quoique cela pouvait susciter chez une autre personne une certaine haine d'elle même, et par conséquent un cadavre coloré de déception. Il racontait qu'il avait couché avec la moitié de la ville et qu'il avait bu des tonneaux du père Grandet. Son nez était rouge et il puait le vin, on s'abstenait de le croire et se contentait de hocher la tête. Il s'était exclu du monde, et s'était résigné à son aigre sort, cette tragédie grecque. Il pleurait ces jeunes gens qui empruntaient le même chemin que lui, cette belle rose qui fut cueillie par un gamin. Pleurant tout, la couleur de cette rose dont la vie fut entamée au premier toucher de la main du gamin, et comblé de haine en voyant tant d'injustice. C'était une extrême abomination d'arracher une sublime créature si rudement et avec une telle indifférence se dit-il . Il voulait briser cette putain de bouteille sur la crane du gamin, l'assommer, le tuer et arrêter ce supplice. Mais il s'avérait impuissant, il n'en était pas question de passer le reste de sa misérable vie en taule; on y faisait bien de mauvaises choses aux perdants et miséreux. Il savait où demeurait la source de toute cette haine, il fut un de ces jours cette belle rose éclatante de lumière et d'énergie. Quand il a bu de chez Grandet et baisé la moitié de la ville... Il savait également où allait aboutir la pauvre sublime rose, dans un trou! Elle n'aurait, elle aussi, ni rolex ni jeunesse, elle n'aurait rien.
Et vient le ciel le saluer, lui rappeler combien sa vie sentait désormais la merde et l'homme. Combien elle l'avait mis en garde de cette fin tragique, combien il fut têtu et le temps s'était très vite passé. D'une vitesse vertigineuse, il avait le vertige. Non pas à cause de la vitesse, il avait trop bu.
Puis vient l'oiseau, lui parla de l'homme, des femmes et de la terre. Lui dit qu'il ne pouvait gober son mensonge sur le fait qu'il avait baisé la moitié de la ville. Cependant, il y avait une façon de prouver cela. L'oiseau se transforme en une sorte de diable-ange-fillesexy et expliqua qu'au corps de chaque personne, l'âme demeurait au coin qui avait accomplis -disons- le plus d'exploits. Einstein par exemple on lui arracha l'âme du cerveau, Romeo de son coeur, Hendrix de ses doigts et ainsi de suite. Lui fit savoir qu'il était temps de mourir. Le vieil homme prit une gorgée de sa bouteille, l'embrassa et la jeta. Puis attendu la mort. Il faisait chaud, le soleil souriait, et pas loin d'ici un adolescent enculait une jeune file -du même âge, elle portait un voile. Ah ça!
Le diable-ange-fillesexy entama son manoeuvre et voilà, on voyait l'âme toute grise sortir du pénis du vieil homme. Ce fut sûre, il avait bu chez Grandet et baisé la moitié de la ville. Quoiqu'il n'avait pas de rolex, ni maison, ni toit, ni âme, ni corps. Il était désormais un je-ne-sais-quoi, en enfer.

mardi 11 janvier 2011

Mes lettres.


Salut chers signes et lettres, que je grave religieusement,
Maudites soient vos âpres escapades aigrissant ma fleur,
Sur le placide nuage de teint rose je vous murmure,
Doux, solides et passifs aux rugissements du temps,

Je puise vos formes du mythique jardin d'en bas,
Je vous nomme spleen, je vous peint d'aura,
Je vous bat au deuil des dieux et que les diables témoignent,
Vos lèvres sont en or, à votre bonheur vous forniquerez au bagne,

Progéniture de bonne augure, multiplie vers et rimes,
Incarnez mon esprit, mes sens, criez haut à rabaisser les cimes,
Et un soir je noierais votre laideur au succulent élixir,
Je vous livrerais mon âme, ma fleur, le monde envieux et foudroyé vous admire,

Lettres votre silhouette anime l'anodine, insignifiante existence,
Votre éclat se dresse majestueux sur la balance,
Plante sa monture d'une épique violence par terre,
Que vos mélodies inculquent aux poètes l'art de se taire,

Que les divinités grecque apprennent à sculpter un si beau calvaire,
Mes lettres sont une bougie arborée au fond du gouffre des chiottes d'Hadès,
Par amour on vous ignore et confond : Fruit de génie ou de maladresse,
Et moi, paisible rêveur, je persiste à mon dessin, mes chants muets, et ainsi je sombre fier,

Tel un bateau, ayant bu mer de gloire contre brin de défaite,
J'allume l'insolite flambeau, ma plume, et j'invite les oreilles artistes, à ma fête,
Je souffle mes deux ans, et je cultive rudement dieux et monuments,

Salut chers signes et lettres, que je grave religieusement,

Rêve.


Les lumières s'écrasent sur les belles pupilles de la sirènes,
La lune chante une douce sérénade à la pute vêtue en laine,
Le chemin sanglote ces pèlerins visiteurs de la mort,
Les voisins de Venus saoulent leurs âmes, larmoyant les plus laids des sorts,

Sitôt réduits en poussière, l'enfant pleure rêves et merveilles,
Sa joue et son coeur furent basculés : On ne mords pas si fort aux rêves de la veille,
Le rêve est fatale vice pour les paisibles esprits violemment impuissants,
Euphorie instantanée, se dissipe aux cris réalistes, ce putain de frisson,

Morphée vous berce et le songe vous hante,
Le petit coeur pleure et hurle aux maux de l'incurable fente,
Fontaine de paradis orne le jardin du sommeil,
A l'aube comme au coucher, vos rêves luisent, couleur vermeille,

Petit enfant, tu n'es guère seul, tu es l'homme,
Gâteau, trésor, drogue, élixir,  partout rêve on le nomme,
Perfection alternative à la morose vérité,
L'homme y a foie, tel au père Noël : imprescriptible  nveté,


Et qu'a le chameau à ridiculiser son pareil,
Quand il n'est point différent, peint son rêve goût miel fruit de l'abeille,
L'artiste est géant songeur plongeant dans un sommeil éternel,
Maître de l'affabulation, parfume ces travaux d'urine et cannelle,

Prisonniers de la fiction, faibles créatures nous demeurons,
A la merci d'une futile lueur nos rêves persisteront ou s'éteindront,
Ma plume sèche aux  souffles du vent réel,
Déjà le matin ! J'abandonne palais et princesses, gloire et mamelles,

dimanche 9 janvier 2011

L'insecte.

Aveugle, j'ai léché la lumière,
mort, j'ai vécu mon propre calvaire,
châtiment fatale, ou esprit galeux, 
naif croyant au bonheur, ou futile malheureux, 

j'ai parcouru Rome et Babel,
j'ai embrassé Ogres et mamelles, 
néanmoins, l'insecte me toisa, orgueilleux,
je lui tendis mon coeur, mon sexe, mes yeux, 

l'aube sourit et les anges pleurèrent, 
l'aigre puanteur, conquiert l'air, 
faute de naïveté et de vide, 
l'insecte roula et lança des rires humides, 

noël, un enfant pleura un cadeau, 
la poète, extasié, gratifia son fardeau, 
insecte range et ronge, merdes et songes, 
aujourd'hui je me libère et je pèche avec mon ange, 

le chemin est infini et rouge, 
insectes et roses y purgent, 
amour -ou pas- aperçoit à l'horizon la lueur du jour, 
le jour ne tarde pas à périr, mais éternel, éternel demeure l'amour,

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