Sur un sourire j'ai aperçu une âme frêle,
Laissant fuir une larme grise et râpeuse, larme de noël,
Un cri déchira la fumé de l'archaïque cheminée,
Réveilla le monde de sa vie piteuse, inanimée,
Le sourire narquois dissimule une mer de merde et de tragédies,
L'âme est naïve, l'âme est martyre et elle persiste quoique sincère,
Le temps les écrase et les mutile, ils font de même aux plus petits,
Un jour la pute et le bourreau seront eux mêmes de terribles mères,
La cheminée sans discontinuer grille masses d'esprits et de bois,
L'arbre chante : les ânes abrutis ont aussi des oreilles tel toi et moi,
Et sur la sombre colline se dresse un ample et vif drapeau,
Qui inspire vie et mort et dont les regards font frimer la peau,
L'âme est paisible dans son carton fait de palais et de savoir absolus,
Au premier contact aux airs de l'aube elle égare son aura superflue,
Sanglotante elle implore les voisines en vain, -Commisération !
Mais l'herbe est vive et les femmes sont succulentes en d'autres cartons,
Les voisines vivent joyeuses et imbéciles telle, jadis, cette petite âme,
Elle a appris par la rudesse à ne plus offrir sa foi aux vieux poèmes,
Elle dévisage avec lucidité ses futures compagnes de misère,
Elle boit et fume, regarde son passé défiler telle une chimère,
Un jour ou l'autre tous les cartons ne seront plus,
Et l'audace et les prétentions seront lynchés, mis à nu,
Le sourire demeurera spectateur au théâtre humain,
Et l'âme frêle rédigera des poèmes parlant de dieux et de pain,


