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mercredi 26 janvier 2011

Le jeune homme et le ciel. Et l'oiseau.



    Séguéla a lancé un jour : " Si à 50 ans, on a pas de rolex, on a quand même raté sa vie". Si à soixante-dix ans on a pas de toit, on a ...rien.
Il se réfugia dans un coin isolé de la ville, loin de ces jeunes qui croquent encore à la délicieuse vie. Il passait souvent inaperçu, afin de ne pas leur faire peur. Car lui, il n'était pas jeune et n'avait pas de rolex non plus, il avait soixante-dix ans et une bouteille de whisky.
Il buvait l'échec que représentait son existence, il buvait toutes ces belles filles qu'il avait visité au lit, il buvait sa fortune trépassée et, le froid qui demeurait dans des trous en ses os. On pouvait croire que c'est bien ce sentiment de nostalgie, de grandeur morte qui le maintenait en vie, quoique cela pouvait susciter chez une autre personne une certaine haine d'elle même, et par conséquent un cadavre coloré de déception. Il racontait qu'il avait couché avec la moitié de la ville et qu'il avait bu des tonneaux du père Grandet. Son nez était rouge et il puait le vin, on s'abstenait de le croire et se contentait de hocher la tête. Il s'était exclu du monde, et s'était résigné à son aigre sort, cette tragédie grecque. Il pleurait ces jeunes gens qui empruntaient le même chemin que lui, cette belle rose qui fut cueillie par un gamin. Pleurant tout, la couleur de cette rose dont la vie fut entamée au premier toucher de la main du gamin, et comblé de haine en voyant tant d'injustice. C'était une extrême abomination d'arracher une sublime créature si rudement et avec une telle indifférence se dit-il . Il voulait briser cette putain de bouteille sur la crane du gamin, l'assommer, le tuer et arrêter ce supplice. Mais il s'avérait impuissant, il n'en était pas question de passer le reste de sa misérable vie en taule; on y faisait bien de mauvaises choses aux perdants et miséreux. Il savait où demeurait la source de toute cette haine, il fut un de ces jours cette belle rose éclatante de lumière et d'énergie. Quand il a bu de chez Grandet et baisé la moitié de la ville... Il savait également où allait aboutir la pauvre sublime rose, dans un trou! Elle n'aurait, elle aussi, ni rolex ni jeunesse, elle n'aurait rien.
Et vient le ciel le saluer, lui rappeler combien sa vie sentait désormais la merde et l'homme. Combien elle l'avait mis en garde de cette fin tragique, combien il fut têtu et le temps s'était très vite passé. D'une vitesse vertigineuse, il avait le vertige. Non pas à cause de la vitesse, il avait trop bu.
Puis vient l'oiseau, lui parla de l'homme, des femmes et de la terre. Lui dit qu'il ne pouvait gober son mensonge sur le fait qu'il avait baisé la moitié de la ville. Cependant, il y avait une façon de prouver cela. L'oiseau se transforme en une sorte de diable-ange-fillesexy et expliqua qu'au corps de chaque personne, l'âme demeurait au coin qui avait accomplis -disons- le plus d'exploits. Einstein par exemple on lui arracha l'âme du cerveau, Romeo de son coeur, Hendrix de ses doigts et ainsi de suite. Lui fit savoir qu'il était temps de mourir. Le vieil homme prit une gorgée de sa bouteille, l'embrassa et la jeta. Puis attendu la mort. Il faisait chaud, le soleil souriait, et pas loin d'ici un adolescent enculait une jeune file -du même âge, elle portait un voile. Ah ça!
Le diable-ange-fillesexy entama son manoeuvre et voilà, on voyait l'âme toute grise sortir du pénis du vieil homme. Ce fut sûre, il avait bu chez Grandet et baisé la moitié de la ville. Quoiqu'il n'avait pas de rolex, ni maison, ni toit, ni âme, ni corps. Il était désormais un je-ne-sais-quoi, en enfer.

mardi 11 janvier 2011

Mes lettres.


Salut chers signes et lettres, que je grave religieusement,
Maudites soient vos âpres escapades aigrissant ma fleur,
Sur le placide nuage de teint rose je vous murmure,
Doux, solides et passifs aux rugissements du temps,

Je puise vos formes du mythique jardin d'en bas,
Je vous nomme spleen, je vous peint d'aura,
Je vous bat au deuil des dieux et que les diables témoignent,
Vos lèvres sont en or, à votre bonheur vous forniquerez au bagne,

Progéniture de bonne augure, multiplie vers et rimes,
Incarnez mon esprit, mes sens, criez haut à rabaisser les cimes,
Et un soir je noierais votre laideur au succulent élixir,
Je vous livrerais mon âme, ma fleur, le monde envieux et foudroyé vous admire,

Lettres votre silhouette anime l'anodine, insignifiante existence,
Votre éclat se dresse majestueux sur la balance,
Plante sa monture d'une épique violence par terre,
Que vos mélodies inculquent aux poètes l'art de se taire,

Que les divinités grecque apprennent à sculpter un si beau calvaire,
Mes lettres sont une bougie arborée au fond du gouffre des chiottes d'Hadès,
Par amour on vous ignore et confond : Fruit de génie ou de maladresse,
Et moi, paisible rêveur, je persiste à mon dessin, mes chants muets, et ainsi je sombre fier,

Tel un bateau, ayant bu mer de gloire contre brin de défaite,
J'allume l'insolite flambeau, ma plume, et j'invite les oreilles artistes, à ma fête,
Je souffle mes deux ans, et je cultive rudement dieux et monuments,

Salut chers signes et lettres, que je grave religieusement,

Rêve.


Les lumières s'écrasent sur les belles pupilles de la sirènes,
La lune chante une douce sérénade à la pute vêtue en laine,
Le chemin sanglote ces pèlerins visiteurs de la mort,
Les voisins de Venus saoulent leurs âmes, larmoyant les plus laids des sorts,

Sitôt réduits en poussière, l'enfant pleure rêves et merveilles,
Sa joue et son coeur furent basculés : On ne mords pas si fort aux rêves de la veille,
Le rêve est fatale vice pour les paisibles esprits violemment impuissants,
Euphorie instantanée, se dissipe aux cris réalistes, ce putain de frisson,

Morphée vous berce et le songe vous hante,
Le petit coeur pleure et hurle aux maux de l'incurable fente,
Fontaine de paradis orne le jardin du sommeil,
A l'aube comme au coucher, vos rêves luisent, couleur vermeille,

Petit enfant, tu n'es guère seul, tu es l'homme,
Gâteau, trésor, drogue, élixir,  partout rêve on le nomme,
Perfection alternative à la morose vérité,
L'homme y a foie, tel au père Noël : imprescriptible  nveté,


Et qu'a le chameau à ridiculiser son pareil,
Quand il n'est point différent, peint son rêve goût miel fruit de l'abeille,
L'artiste est géant songeur plongeant dans un sommeil éternel,
Maître de l'affabulation, parfume ces travaux d'urine et cannelle,

Prisonniers de la fiction, faibles créatures nous demeurons,
A la merci d'une futile lueur nos rêves persisteront ou s'éteindront,
Ma plume sèche aux  souffles du vent réel,
Déjà le matin ! J'abandonne palais et princesses, gloire et mamelles,

dimanche 9 janvier 2011

L'insecte.

Aveugle, j'ai léché la lumière,
mort, j'ai vécu mon propre calvaire,
châtiment fatale, ou esprit galeux, 
naif croyant au bonheur, ou futile malheureux, 

j'ai parcouru Rome et Babel,
j'ai embrassé Ogres et mamelles, 
néanmoins, l'insecte me toisa, orgueilleux,
je lui tendis mon coeur, mon sexe, mes yeux, 

l'aube sourit et les anges pleurèrent, 
l'aigre puanteur, conquiert l'air, 
faute de naïveté et de vide, 
l'insecte roula et lança des rires humides, 

noël, un enfant pleura un cadeau, 
la poète, extasié, gratifia son fardeau, 
insecte range et ronge, merdes et songes, 
aujourd'hui je me libère et je pèche avec mon ange, 

le chemin est infini et rouge, 
insectes et roses y purgent, 
amour -ou pas- aperçoit à l'horizon la lueur du jour, 
le jour ne tarde pas à périr, mais éternel, éternel demeure l'amour,

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