Des fois la vie nous préoccupe. Nous nous agitons par ici et par là et ne consacrons guère de temps à méditer notre existence. Etudier ce que nous sommes, ce que nous faisons, ceux qui nous entourent ainsi que chaque coin de ce vaste tableau que nous nous sommes accoutumés à négliger. Aux obligations du temps, de la société, de tout ce monde qui ne cesse de fourmiller derrière le matériel. Ainsi, tel des singes, nous ne faisons que courir à bout de souffle, pour la bête raison que : toute cette horde consacre sa vie à courir. Au cours de notre course affolée vers la délicieuse utopie, autrement dite : le bonheur - j'évoque l'histoire du trésor au bout de l'arc-en-ciel - qui ne cesse à son tour de palpiter. De se montrer et de se dissimuler alternativement entre les denses branches de l'arbre de la vie. Des personnes pénètrent notre jardin s'y baladent, touchent un peu partout. Ils s'amusent à régler ceci et à abîmer cela, puis en sortent laissant quelques traces, souvenirs qui, aux mouvements monotones des aiguilles de la grosse pendule, prennent forme de faibles images qui sentent une joie, un frisson ou un chagrin.
On s'en fout pas mal de son nom, elle était certes victime du temps, victime du monde, victime d'elle même. Comme maintes personnes elle ignorait les circonstances exactes qui avaient finalement fait un tel aigre et violent aboutissement de sa vie. Un soir, en compagnie de sa liqueur et de ses blondes, elle s'était livrée à une bien longues et profonde réflexion. La radio raisonnait dans l'étroite pièce, sous effet éthylique, elle sentait les douces mélodies lui parlant à leur tour, chatouillant son coeur fendu et son cerveau drogué. Le transistor criait : " people don't know where they come from, so how could they know where they go" . Quoiqu'elle n'avait pas vraiment compris le couplet, elle était traversée d'un bizarre sentiment. << -Peut être avais-je senti au lieu de comprendre ? se dit-elle. >> Elle chassa aussitôt la pensée jugée trop philosophique ou plutôt irréaliste - Les marocains ont tendance à traiter tout baratin classé irrationnel sinon trop sage de philosophie - et embrassa la bouteille. D'ailleurs elle ne se permettait point d'imaginer que le système éducatif marocain pouvait un de ces jours, de son bref et minable passé, réussir à l'aider. Ni elle ni des milliers d'autres jeunes représentant le futur de la nation. Voilà encore une vérité que les voyantes pourraient affirmer sans le moindre scrupule : -Ma fille tu ne réussiras pas ta vie en allant à l'école. Elle n'avait aucun doute de son ignorance à la langue de Shakespeare. Peut être n'est-ce pas vraiment sa langue, pourquoi lui ai-je attribué ? Bref, elle ignorait l'anglais comme ignorait la majorité des marocains la culture. << -Qui suis-je ? se demanda-t-elle, la voix intérieure lui répondit : -Personne ! >> Elle but davantage de whisky et se reposa la même question, qui se heurta à la même réponse tranchante. Tel un couperet qui s'abat sur votre voie à chaque fois que vous songez à quelque chose de grand, d'ambigu.
Elle était une prostituée - pas de clients pour ce soir, on boit fume et sois-disant réfléchit-. Oui prostituée, c'est tout ce qu'on pourrait dire d'elle. Peut être pas ! Au-dessus de ce tas de chaire à vendre résidait un coeur, un esprit. Les personnes qu'elle avait l'habitude de fréquenter ne s'en apercevaient point. Les client se contentaient de jouir et de jeter les billets bancaires. << -Tu sais maman, une fois grande je deviendrais une maîtresse. Avait une petite fille lancé un soir glaciale dans une petite baraque à la banlieue casablancaise. -Oui ma fille, tu seras tout ce que tu voudras, couches toi donc, demain tu iras à l'école. >> Et voilà que le lendemain, elle fut violée. Au coin de la ruelle tout près de l'école, par un alcoolique qui avait la chance de croiser une telle douceur ce matin où la gueule de bois défigurait son visage, sa conscience. Désastre ! Peut-être que sa prostitution avait débuté ce jour même. Le temps lui avait lancé un doux rêve en guise de paie. Un soir pluvieux où la fine couverture ne parvenait pas à anéantir le froid, alors qu'un simple touché de l'angélique main maternelle était capable de chasser tout mal, tout angoisse et d'accueillir le sommeil dont le seuil était orné de belles fleurs. En échange, le temps lui avait arraché tout ce qu'elle possédait de précieux. Tout son investissement, toute se vie. Vu que l'existence de la plupart des jeunes filles marocaines se résume en un chemin anodin parcouru par des filles stéréotypées. Elle avait certes échappé à la règle, cependant elle n'était pas vraiment à l'abri de la tragédie humaine, un immense moulin qui gobait et réduisait en poudre des paquets de personnes victimes soient elles ou bourreaux. Tout ce qui se passait autour d'elle, personnes et évènements meublant sa vie la répugnaient violemment. Lui rongeaient le coeur. Elle avait rêvé du prince charmant elle aussi, jusqu'à ce qu'un jour elle a adopté le métier le plus vieux et le plus pitoyable du monde. Récemment elle ne se permettait plus de rêver, les nuits s'accumulaient, le fer du désespoir creusait plus profondément dans son esprit. Elle avait perdu la capacité de rêver, elle y a renoncé, par orgueil pendant que le temps la consumait. Le téléphone sonne. Un client de qualité, un "fidèle" qui n'était pas si radin que ces simples employés qui voulaient faire la fête à deux sous. Va plutôt prier frère ! Elle éteignit la blonde et se dirigea vers la douche.
Le fameux client était un député au parlement, on le nommait Haj....
On s'en fout pas mal de son nom, elle était certes victime du temps, victime du monde, victime d'elle même. Comme maintes personnes elle ignorait les circonstances exactes qui avaient finalement fait un tel aigre et violent aboutissement de sa vie. Un soir, en compagnie de sa liqueur et de ses blondes, elle s'était livrée à une bien longues et profonde réflexion. La radio raisonnait dans l'étroite pièce, sous effet éthylique, elle sentait les douces mélodies lui parlant à leur tour, chatouillant son coeur fendu et son cerveau drogué. Le transistor criait : " people don't know where they come from, so how could they know where they go" . Quoiqu'elle n'avait pas vraiment compris le couplet, elle était traversée d'un bizarre sentiment. << -Peut être avais-je senti au lieu de comprendre ? se dit-elle. >> Elle chassa aussitôt la pensée jugée trop philosophique ou plutôt irréaliste - Les marocains ont tendance à traiter tout baratin classé irrationnel sinon trop sage de philosophie - et embrassa la bouteille. D'ailleurs elle ne se permettait point d'imaginer que le système éducatif marocain pouvait un de ces jours, de son bref et minable passé, réussir à l'aider. Ni elle ni des milliers d'autres jeunes représentant le futur de la nation. Voilà encore une vérité que les voyantes pourraient affirmer sans le moindre scrupule : -Ma fille tu ne réussiras pas ta vie en allant à l'école. Elle n'avait aucun doute de son ignorance à la langue de Shakespeare. Peut être n'est-ce pas vraiment sa langue, pourquoi lui ai-je attribué ? Bref, elle ignorait l'anglais comme ignorait la majorité des marocains la culture. << -Qui suis-je ? se demanda-t-elle, la voix intérieure lui répondit : -Personne ! >> Elle but davantage de whisky et se reposa la même question, qui se heurta à la même réponse tranchante. Tel un couperet qui s'abat sur votre voie à chaque fois que vous songez à quelque chose de grand, d'ambigu.
Elle était une prostituée - pas de clients pour ce soir, on boit fume et sois-disant réfléchit-. Oui prostituée, c'est tout ce qu'on pourrait dire d'elle. Peut être pas ! Au-dessus de ce tas de chaire à vendre résidait un coeur, un esprit. Les personnes qu'elle avait l'habitude de fréquenter ne s'en apercevaient point. Les client se contentaient de jouir et de jeter les billets bancaires. << -Tu sais maman, une fois grande je deviendrais une maîtresse. Avait une petite fille lancé un soir glaciale dans une petite baraque à la banlieue casablancaise. -Oui ma fille, tu seras tout ce que tu voudras, couches toi donc, demain tu iras à l'école. >> Et voilà que le lendemain, elle fut violée. Au coin de la ruelle tout près de l'école, par un alcoolique qui avait la chance de croiser une telle douceur ce matin où la gueule de bois défigurait son visage, sa conscience. Désastre ! Peut-être que sa prostitution avait débuté ce jour même. Le temps lui avait lancé un doux rêve en guise de paie. Un soir pluvieux où la fine couverture ne parvenait pas à anéantir le froid, alors qu'un simple touché de l'angélique main maternelle était capable de chasser tout mal, tout angoisse et d'accueillir le sommeil dont le seuil était orné de belles fleurs. En échange, le temps lui avait arraché tout ce qu'elle possédait de précieux. Tout son investissement, toute se vie. Vu que l'existence de la plupart des jeunes filles marocaines se résume en un chemin anodin parcouru par des filles stéréotypées. Elle avait certes échappé à la règle, cependant elle n'était pas vraiment à l'abri de la tragédie humaine, un immense moulin qui gobait et réduisait en poudre des paquets de personnes victimes soient elles ou bourreaux. Tout ce qui se passait autour d'elle, personnes et évènements meublant sa vie la répugnaient violemment. Lui rongeaient le coeur. Elle avait rêvé du prince charmant elle aussi, jusqu'à ce qu'un jour elle a adopté le métier le plus vieux et le plus pitoyable du monde. Récemment elle ne se permettait plus de rêver, les nuits s'accumulaient, le fer du désespoir creusait plus profondément dans son esprit. Elle avait perdu la capacité de rêver, elle y a renoncé, par orgueil pendant que le temps la consumait. Le téléphone sonne. Un client de qualité, un "fidèle" qui n'était pas si radin que ces simples employés qui voulaient faire la fête à deux sous. Va plutôt prier frère ! Elle éteignit la blonde et se dirigea vers la douche.
Le fameux client était un député au parlement, on le nommait Haj....

La diatribe est excellente, la fin bien travaillée. La diversité dans les thèmes. Toujours un plaisir de te lire !
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