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mercredi 4 mai 2011

Un autre rêve.


 Bonsoir. Je me sens fou. Mais, je n'ai tout de même pas la moindre intention de faire de cela un prétexte, si anodin que soit-il, qui collera peut-être les bribes de ce que mes propos auront tendance à briser : miroirs et illusions.
Je m'adresse à toi, te sollicitant l'accomplissement d'un rêve. De telles opportunités se représentent rarement au cours la vie humaine. Les uns périssent en quête d'un rêve. Les autres n'en disposent même pas. D'autres y renoncent, face à une multitude de contraintes qui se font couperet au cours de ce rêve. Nous avons certes droit à concevoir des songes, à toutes les perfections que peuvent nos esprits mettre en scène, à nager dans une rivière d'illusions dont les flots sont des petites charges accomplies qui vous frôlent l'âme, presque indétectable, et dont on ne témoigne qu'une douce ivresse inouïe. Ces utopies que grand nombre de personnes se trouve contraint maculer de quelques tâches de réalisme ; les munir, ainsi, d'un brin de crudité souhaitant de tout coeur, vainement peu-être, qu'ils soient passibles de concrétisation. Comme si en noircissant l'idéal, il finira par céder, car il ne le sera plus, et c'est justement le fait qu'il soit idéal qui lui octroie tant de prétention et d'impossibilité.
J'ai eu le privilège de rêver d'un de ces moments ordinaires. Quoique JE trouve du mal à m'attribuer ce rêve : je ne sais pas qui suis-je, mais je sais que nous sommes plusieurs. Mes principes dits "logiques" ne cessent de gronder ma plume, à cause de l'ambiguïté qui sème ce que je suis et ce que je rêve ; et en inscrivant ces informations je les confirme, quoiqu'elles soient dépourvues d'authenticité. Je n'ai pas la moindre idée sur celui qui a crié, mais je peux naturellement affirmer que le son parvient de telle ou telle maison. Donc c'est mon rêve. Merci.
J'ai rêvé de toi. Cela représente le premier trait réaliste de mon songe, vu que tu es vivante et tangible. Nous étions dans la cage d'escaliers de mon lycée. Et je me trouvais incapable de projeter mon regard ailleurs que  sur ta sublime face. Peut-être quêtait-il la moindre beauté, et que tu sois apparue plus attrayante que les murs blancs ou bien les escaliers en marbre faisant office de décor. Tu fus, en somme le plus beaux élément de ce rêve. J'ai cru pour quelques instants que ce fut la figure d'un ange qui se me lorgnait de ces regards incompréhensibles, m'invitant à un prompte paradis. Alors que ce n'était que toi. C'était toi. Et je n'avais certainement jamais rencontré d'anges, auparavant. Un très beau tableau.
Juste derrière ton visage, je pouvais dominer toute la ville du regard. La fenêtre du quatrième étage donnait sur tout. J'avais pris l'habitude de regarder la ville de haut, me rebiffant de me laisser écraser sous son ampleur, saisissant la moindre opportunité de la détrôner et d'être ce petit nuage qui lui pisse dessus sans qu'elle puisse broncher. Elle paraissait à chaque fois aussi mystérieuse qu'auparavant. Il paraît qu'elle soit très indifférente aux spectacles ayant lieu dans ses rues aliénées. Outre les futiles histoires, on sent la présence de quelque élément imperceptible quoique très influent. Que peut-on attendre d'une ville prostituée. Un spectacle fort amusant  qui sème de grosses graines de confusion dans mon esprit, et dont les troncs, aussitôt dressés, m'irritent de plus en plus. Je me demande si ma chère ville avait toujours été si rouge et si noire et que c'était la métamorphose que subissait ma perception envers elle qui la sevrait de son image d'antan, quand j'avais trois ans ; ou bien si elle s'affinait tel que je le faisait moi-même et que nous soyons liés par une grosse corde dorée : mélange de sperme et de whisky.
Tu n'es pas si belle que tu l'avais été dans mon rêve. Au réel, tu es réelle. Et je ne crois pas que le réel puisse excéder le songe en ce qui concerne la beauté. Nous nous regardions. Peut-être sommes nous embrassés, ma mémoire s'est percée à ce souvenir.
Je tenterai de réaliser ce rêve. Une nuit, dans mon jardin. Une bougie noiera ton visage de lumière, et je t'embrasserai et constituant le décor de mon rêve dans ma tête. Je ne peux te faire pénétrer mon lycée la nuit. Je traînerai tout de même le boulet de ma chimère. Mais je doute que la combinaison rêve-réel soit dépourvue de tout félicité. Nous sommes faibles, nous ne pouvons se permettre la lourdeur d'un rêve astronomique. Nous nous contenterons des miettes, mais des miettes dont nous sommes les préparateurs. Peut-être pas. On ne sait jamais qui est-ce qui parle. Il doit être un maître d'illusion. Je suis un peu fou. Mais il me faut accroître l'aura de mes testicules, de façon à ce que je puisse édifier un rêve.

Zakaria Mellouli Karim.

lundi 2 mai 2011

Un autre mort.



    Elle est là. Elle vous flatte, vous cajole, vous supplicie, vous submerge et vous déborde. Déplorable tristesse. Le regard nu, mains suintantes, têtes baissées, et le sang frigorifié. Sinistre. Affligé, isolé. Des gouttes d’eau perlent de ses crins, frôlant ses joues. S’enchevêtrent à ses larmes. Il lamente. Un aspect sordide. Deux silhouettes entrelacées, un mutisme lourd, malsain. Il spécule. Mais encore une fois il avait tort. « Anachorète » « suicidaire » « auto-mutilateur », patin couffin. Que dire ? Que faire sinon rouler de tristes et vagabondes pensées ? Il n’est plus qu’une ombre marmoréenne qui décampe la lumière. Seul dans sa psychose flamboyante, embastillé de ses anxiétés. Rien ne lui semble plus avoir d’éclat. Émotions immiscées. Aigreur incontrôlée. Angoisses cacophoniques, tristesse complaisante. Il erre telle une âme perdue, désirée, planée, flattée. L’envie meurtrière lui passe par la tête.
Peut-être qu’il aime la douleur ? Peut-être qu’il est fait comme çà ? Il ferait beau voir que cella est vrais. C’est l’exquise saveur de l’escobarderie, de la haine et de ses moindres et plaisant souffrances. Ce besoin d’expansion, n’est-il pas exorbitant ? Afflictions, chagrins. Malheurs, insondables tristesses… Oui. Pourquoi tant de tristesse ? Il pense. « Je veux sourire à nouveau. Bénéficier de chaque instant. Ne plus voir la vie comme une morose guerre d’usure. Me débarrasser du passé... Je ne me reconnais plus, qui suis-je ? Pourquoi je continue à vivre ? je ne sais pas... C’est bon, ça y est, c’est décidé. Advienne que pourra ! J’ai choisis la mort. Faites excuse. Je n’y peux rien. » Le temps s’avère bloqué dans l'obscurité accablante de cette immense pièce. Des ondes fracassent la surface moire de l'eau. Il ne veut aucunement résister. Un silence lourd. Il sombre. Il n’aurait jamais cru que ce serait si colossal. Son souffle se coupe. Ses lèvres bleuissent. Blanchissent. Son thorax brûle d'un manque d'air. Son sang se glace. Il n'aurai jamais réalisé que la mort serait si horriblement exquise.
Tout se mêle dans sa tête. Son âme semble vouloir naviguer au gré de ce délicat flot saboteur. Il ne voit plus que du black. Il plonge dans la nébulosité. Un noir tuant et bizarrement flamboyant. Un noir qui l'éblouit, mortifie. Il s’immerge dans la lumière.
Le bonheur, l’allégresse. Le malheur, la tristesse, ad libitum, c’est comme ça. Il avait peur. « Maudit soit le jour de ma naissance ». Il aurait aimé ne pas exister. Jamais. Il aurait aimé qu’un ange parvienne pour mettre un baume sur ses maux, ses brûlures, ses plaies... Pour recoudre les bribes de son cœur…
Il s'était perdu dans ses rêves nuageux et imprécis. Il fouillait sans cessation, encore et toujours le fil de soie si frêle, si énormément invisible, qui le jumelait nonobstant à l’aspect de ses rêves.
Cette jeunesse, cette vie, lui il la damne. « C’est déjà trop tard pour rêver. » Le pauvre avait déjà signé son arrêt de mort. 

                                                                                            FIN.
Wissam El Ahdal.

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