Ce récit est dédié à Reda, un fidèle lecteur et admirateur de mes écrits. Cela me fait énormément plaisir, merci Reda. C'est pour cela d'ailleurs que j'aimerai te révéler un petit secret : tu vas mourir.
Un masque de chaleur et de gaieté saturait les nombreuses plaies de Casablanca. Depuis des lustres la ville et ses occupants se sont résignés à vivre au jour le jour. Que le ciel leur urine dessus, ou les gratifie des plus amicales des rayons de soleil leur était, désormais, égal. La tragédie et le burlesque avançaient cote-à-cote et les acteurs, habitants la ville blanche, incarnaient si bien leurs rôles qu'on aurait cru qu'il s'agissait d'une vrai histoire. Il en s'agit, en effet.
L'appel que Karim avait reçu l'avait foudroyé, soudain il sentit ses vaines devenir raides comme si son sang avant été glacé tout d'un coup. On lui avait crié - tellement il semblait absent au premier contact de la nouvelle-, à l'autre bout du fil, que son frère s'apprêtait à sauter du haut de l'hôtel Golden Plaza, cet immense édifice, lieu de travail de ce dernier, et qu'il devait absolument se présenter à l'hôtel. Ils avaient bien fait de l'appeler, c'était après tout la personne la plus proche du vice-cadavre. Du moins c'est qu'on pensait. Karim s'obstina de s'investir dans la moindre réflexion sur les circonstances qui avaient abouti à ce coup de théâtre - admirateur de Balzac, il vivait une comédie. Il ne permettait pas la moindre fuite de ces ignobles hordes de questions qui fusaient ça et là dans sa tête, un torrent qui immergea son esprit après quelques instants de vide totale, suscité sans doute par la mauvaise nouvelle. Elles se heurtaient rudement à ce mur, âgé de dix secondes, qu'avait battit Karim afin de séparer les archives de sa mémoire du champ d'effervescence des interrogations infinies, afin de se rappeler paisiblement là où il avait posé les clefs de la voiture. Mais les cruciales points d'interrogations sans discontinuer, et sans diminuer de brutalité, cognaient le mur qui commença à défaillir. Finalement le vertige et quelques maux triomphèrent, il s'assit sur la fauteuil blanc, dont la couleur paraissant aigre à ses yeux, il synchronisa ses sens avec son cerveau, colla les bribes de son esprit en se pinçant à la joue, puis projeta un regard qui semblait puiser sa vie des rayons de soleil projetés par le stylo à plume posé sur la table de verre. A droite du stylo étaient posés les clefs de l'Allemande, elles semblaient lui adresser un minable sourire sarcastique, mais il aimait sa voiture. L'Allemande goba les traits blancs tracés sur la chaussée, des mirages se constituaient au bout de la route, tant la chaleur avait été intense, et simultanément, la voiture et Karim crachèrent de la fumé grise qui s'évanouissait, sous les rayons du soleil, murmurant des marches funèbres. << Ta gueule ! >> cria-t-il et les fumé céda interrompant ses gazouillis.
Sur le toit de l'immeuble, son frère sanglotait, il parlait de son échec persistant, du monde qui approchait du mur auquel il est supposé se heurter et dont les traits absurdes devenaient plus flagrants que jadis lorsqu'ils étaient petits, lorsque tout le monde était petit, et d'une tragédie amoureuse. Son assassine semblait avoir si bien fait sa besogne, le frère était trop attaché et les chaînes étaient construites d'or et de sang, un mélange amer - le frère le signala dans son long discours. Il parlait d'Aphrodite et de Sophie, il confondait les noms à vrai dire. Le monde semblait avoir si bien incarné son rôle. Fumer tue, aimer tue, vivre tue. Karim vit toute sa vie défiler devant ses yeux, qui négligeaient désormais le décor exterieur et avaient l'air de voir dedans, derrière eux. Ce spectacle éblouit le frère qui interrompit aussitôt son conte afin de dévisager le visiteur plus scrupuleusement. Karim assista à la comédie complète en quelques secondes. Il ne semblait pas être satisfait du titre qu'il avait attribué à son existence. <<Pourquoi pas tragédie ? >> pensa-t-il lorsqu'un petit sourire se dessina au coté droit de ses lèvres. Il courut si vite que son frère ne put déchirer son chemin vers la mort. Il atterrit sur une belle Cadillac conduite par un paranoïaque américain auquel il a fallut dix ans pour reprendre ses affaires dans les pays arabes, suite aux "attentats" du onze septembre.
A quelques trottoirs de l'hôtel, un jeune homme guettait un client - il est prostitué-, et une jeune femme se dirigeait vers son lieu de travaille, elle est policière.
Un jeune cadre, Karim Ben ******, s'est suicidé le 24/03/2011. Sa femme Sophie recevra ses affaires personnelles. Elle affirme avoir vu son mari le matin en bonne forme, et lui avoir parlé au téléphone deux heures avant l'incident, il semblait occupé tel toujours, elle ajoute lui avoir crié dessus puis raccroché au nez. Elle regrette.
Un masque de chaleur et de gaieté saturait les nombreuses plaies de Casablanca. Depuis des lustres la ville et ses occupants se sont résignés à vivre au jour le jour. Que le ciel leur urine dessus, ou les gratifie des plus amicales des rayons de soleil leur était, désormais, égal. La tragédie et le burlesque avançaient cote-à-cote et les acteurs, habitants la ville blanche, incarnaient si bien leurs rôles qu'on aurait cru qu'il s'agissait d'une vrai histoire. Il en s'agit, en effet.
L'appel que Karim avait reçu l'avait foudroyé, soudain il sentit ses vaines devenir raides comme si son sang avant été glacé tout d'un coup. On lui avait crié - tellement il semblait absent au premier contact de la nouvelle-, à l'autre bout du fil, que son frère s'apprêtait à sauter du haut de l'hôtel Golden Plaza, cet immense édifice, lieu de travail de ce dernier, et qu'il devait absolument se présenter à l'hôtel. Ils avaient bien fait de l'appeler, c'était après tout la personne la plus proche du vice-cadavre. Du moins c'est qu'on pensait. Karim s'obstina de s'investir dans la moindre réflexion sur les circonstances qui avaient abouti à ce coup de théâtre - admirateur de Balzac, il vivait une comédie. Il ne permettait pas la moindre fuite de ces ignobles hordes de questions qui fusaient ça et là dans sa tête, un torrent qui immergea son esprit après quelques instants de vide totale, suscité sans doute par la mauvaise nouvelle. Elles se heurtaient rudement à ce mur, âgé de dix secondes, qu'avait battit Karim afin de séparer les archives de sa mémoire du champ d'effervescence des interrogations infinies, afin de se rappeler paisiblement là où il avait posé les clefs de la voiture. Mais les cruciales points d'interrogations sans discontinuer, et sans diminuer de brutalité, cognaient le mur qui commença à défaillir. Finalement le vertige et quelques maux triomphèrent, il s'assit sur la fauteuil blanc, dont la couleur paraissant aigre à ses yeux, il synchronisa ses sens avec son cerveau, colla les bribes de son esprit en se pinçant à la joue, puis projeta un regard qui semblait puiser sa vie des rayons de soleil projetés par le stylo à plume posé sur la table de verre. A droite du stylo étaient posés les clefs de l'Allemande, elles semblaient lui adresser un minable sourire sarcastique, mais il aimait sa voiture. L'Allemande goba les traits blancs tracés sur la chaussée, des mirages se constituaient au bout de la route, tant la chaleur avait été intense, et simultanément, la voiture et Karim crachèrent de la fumé grise qui s'évanouissait, sous les rayons du soleil, murmurant des marches funèbres. << Ta gueule ! >> cria-t-il et les fumé céda interrompant ses gazouillis.
Sur le toit de l'immeuble, son frère sanglotait, il parlait de son échec persistant, du monde qui approchait du mur auquel il est supposé se heurter et dont les traits absurdes devenaient plus flagrants que jadis lorsqu'ils étaient petits, lorsque tout le monde était petit, et d'une tragédie amoureuse. Son assassine semblait avoir si bien fait sa besogne, le frère était trop attaché et les chaînes étaient construites d'or et de sang, un mélange amer - le frère le signala dans son long discours. Il parlait d'Aphrodite et de Sophie, il confondait les noms à vrai dire. Le monde semblait avoir si bien incarné son rôle. Fumer tue, aimer tue, vivre tue. Karim vit toute sa vie défiler devant ses yeux, qui négligeaient désormais le décor exterieur et avaient l'air de voir dedans, derrière eux. Ce spectacle éblouit le frère qui interrompit aussitôt son conte afin de dévisager le visiteur plus scrupuleusement. Karim assista à la comédie complète en quelques secondes. Il ne semblait pas être satisfait du titre qu'il avait attribué à son existence. <<Pourquoi pas tragédie ? >> pensa-t-il lorsqu'un petit sourire se dessina au coté droit de ses lèvres. Il courut si vite que son frère ne put déchirer son chemin vers la mort. Il atterrit sur une belle Cadillac conduite par un paranoïaque américain auquel il a fallut dix ans pour reprendre ses affaires dans les pays arabes, suite aux "attentats" du onze septembre.
A quelques trottoirs de l'hôtel, un jeune homme guettait un client - il est prostitué-, et une jeune femme se dirigeait vers son lieu de travaille, elle est policière.
Un jeune cadre, Karim Ben ******, s'est suicidé le 24/03/2011. Sa femme Sophie recevra ses affaires personnelles. Elle affirme avoir vu son mari le matin en bonne forme, et lui avoir parlé au téléphone deux heures avant l'incident, il semblait occupé tel toujours, elle ajoute lui avoir crié dessus puis raccroché au nez. Elle regrette.
